Les agressions de maires se banalisent. Comme si la charge d’élu local n’était pas déjà assez lourde !
Quelle époque !
Il va y en avoir combien d’autres ? Vous pensez magasins pillés ou banques vandalisées ? Non je parle des élus ! Des élus molestés, battus, pris à parti ou agressés physiquement ou de manière épistolaire – anonymement bien sûr ! Ho non pas le plus souvent des élus en costard cravate sept jours sur sept et qui lorgnent vers un destin parisien… Non, plutôt des élus de terrain pris à parti comme on se battait dans les bals de village voilà 30 ans.
Que s’est-il passé ? Dans un premier temps la désacralisation de tout. Du curé à l’instituteur jusqu’au médecin et désormais au maire, plus aucune fonction ne mérite respect désormais pour un grand nombre d’entre nous. Le « tous pourris » est généralisé. Le « moi aussi je peux le faire » est tellement répandu dans beaucoup d’esprits. De la téléréalité aux gilets jaunes et leur volonté de tirer au sort des représentants sans se soucier de quelque compétence préalable, preuve en est leurs « ambassadeurs », objectivement creux et incultes, on essaie de faire croire que chacun peut endosser toutes les fonctions par sa seule volonté.
Une sacrée charge
Non! Certes le processus démocratique permet à chaque citoyen de se présenter est d’être élu maire d’une des 31000 communes de France. Mais justement, on ne se réveille pas juste un matin en se disant « tiens je vais être maire ».
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Être élu c’est une sacrée charge ! Et preuve que certains n’y pensent pas assez, la démission surprise et le témoignage extraordinaire d’un jeune ex-édile élu en mai et déjà démissionnaire. Thomas Maurice-Seingeot explique : « Je me suis mépris dans ma vision de maire. J’ai préjugé que c’était un travail alors qu’en réalité, la fonction est permanente, du 24 h/24, notamment au niveau mental. » Alors de grâce, arrêtons chers concitoyens de penser chaque élu comme un corrompu !
Se projeter pour sa commune avec une équipe est un vrai sacerdoce… pas un simple passe-temps ! Et plus la commune est modeste en nombre d’administrés, plus le boulot est inversement proportionnel aux indemnités perçues. Se lancer dans cette aventure humaine, urbaine et architecturale parfois, de gestion, de prévision et de projection est un vrai choix de vie, autant professionnellement que familialement.
Y’a plus de respect !
Alors si je stigmatise certains de mes concitoyens qui ne manifestent plus aucun respect pour rien… ni pour eux, je veux ici écrire mon dégoût de certains grands élus pour les petits qui triment et font un travail de proximité indispensable pour la démocratie de notre pays. Pour être clair, quand va enfin exister un vrai statut de l’élu local ?
Déjà en 2008, un collectif de citoyens de la ville rose émettait des préconisations dans ce sens…. résultat : cité dans Wikipédia, mais contacté par aucun parlementaire qui a sorti nombre de rapports. Ces fameux rapports qui finissent comme la poussière : dans un premier temps sous le tapis, dans un second temps se perdent dans les recoins des salons du Sénat.
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À laisser un laxisme ambiant opérer, une justice qui n’ose plus l’audace de la justesse, voilà que le poste d’élu, il y a encore peu « préféré des Français », devient dangereux à endosser. Après les professeurs invectivés, les médecins vilipendés, les policiers attaqués, les pompiers agressés, les élus frappés, à quand les présidents d’associations brutalisés pour une licence pas remise à temps ?
Je ne m’arrêterai pas pour autant car c’est mon choix de vie depuis 30 ans, mais tout de même cela ne rend pas confiant. S’investir pour les autres n’est pas une guerre !
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