Accueil Brèves Olivier Ferrand : le patron de Terra Nova élu grâce au Front National ?

Olivier Ferrand : le patron de Terra Nova élu grâce au Front National ?


Comme je l’écrivais ce matin, Olivier Ferrand, la tête pensante de Terra Nova, a remporté de haute lutte la triangulaire qui l’opposait à l’UMP Nicolas Isnard (40.5% des votants contre 39.9% soit 318 voix d’écart)… et au FN Gérald Gérin (19.6%).

Autrement dit, le total des voix dites de droite frisant les 60%, Olivier Ferrand ne doit son élection dans la 8e circonscription des Bouches-du-Rhône qu’au maintien du candidat frontiste aux dépens de son rival UMP arrivé en seconde position.

Voilà qui invalide durement, au moins à l’échelle locale, la dernière note de Terra Nova, glose laïque sur la constitution d’un grand « parti patriote UMPFN » contre lequel le progressisme degauche devrait se lever. Avec comme intellectuels organiques Michel Houellebecq, Alain Finkielkraut, Elisabeth Lévy ou Eric Zemmour, ce nouvel axe dextriste rappellerait de sinistre mémoire la convergence UDF-RPR-FN prônée par le Club de l’Horloge dans les années 1980.

Pour le plaisir, citons en vrac quelques pépites de ladite note :

« D’autres liens humains se tissent, dans le sud-est de la France, autour de la « Nostalgérie ». Les électeurs FN d’origine pied-noire (sic) y sont « fixés » politiquement par des maires de droite qui ont entretenu le souvenir de l’Algérie française : Jacques Médecin à Nice, Paul Alduy à Perpignan, Maurice Arreckx à Toulon… Cette réalité politique explique d’ailleurs l’insistance de la droite sur les politiques mémorielles, autour du passé colonial français et, singulièrement, de l’histoire des rapatriés. »

Où l’on apprend que le regretté Georges Frêche réélu président de la région Languedoc-Roussillon en 2010, au son du Chant des Africains, émargeait donc à l’UMP ou au FN, alors même qu’il plaidait jusqu’à sa mort pour une alliance PS-MoDem… à l’instar d’un certain Olivier Ferrand.

Manque de pot, alors que le chef de la Droite Populaire Thierry Mariani – pourtant occupé par sa campagne en Asie- s’était déplacé en personne pour venir soutenir son poulain Nicolas Isnard contre le FN, Terra Nova désigne la DP comme l’un des « ponts institutionnels vers le parti patriote » épousant de vilaines valeurs droitières.

Last but not least, un ensemble de recommandations constitue le vademecum terra-noviste : « Sortir de la crise économique ; garantir la pérennité de la sécurité sociale, en y incluant la sécurité des biens et des personnes ; promouvoir la République exemplaire : telles sont les voies progressistes pour repousser la nouvelle droite UMPFN. Et éviter la gangrène de la République par des valeurs de haine. »

Sur le terrain, ces belles intentions que, soyez-en sûrs, Olivier Ferrand ne manquera pas de défendre ces cinq prochaines années à l’Assemblée, ont surtout prospéré grâce à l’explosion de l’hydre bicéphale UMPFN que Terra Nova comptait affronter la fleur au fusil. Bref, Ferrand dit ce qu’il fait, mais ne fait pas toujours ce qu’il dit…



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