La philosophe Françoise Bonardel appelle les citoyens français à tirer des enseignements de la mort du chauffeur de bus de Bayonne. Elle y voit bien plus qu’un fait divers violent.
* devenu le cri de ralliement des manifestants après la mort de George Floyd à Minneapolis le 25 mai 2020.
Le calvaire du chauffeur de bus Philippe Monguillot tabassé à mort par des voyous n’a rien d’un fait divers, par nature anecdotique et vite noyé dans la masse des informations du même type qui, par leur diversité même, font diversion par rapport à l’essentiel : peut-on encore, quand on est français, vivre en sécurité dans son pays ? C’est donc là un fait de société accablant, révélateur de « l’ensauvagement » grandissant de la France, et qui devrait mobiliser tous les citoyens bien au-delà des origines ethniques et des clivages politiques. Que les coupables présumés soient d’origine maghrébine ne change rien à l’affaire, mais attire l’attention sur la méprise qui sous-tend, en bien des circonstances tout aussi dramatiques, le « vivre ensemble » à la française : une idéologie consolatrice fondée sur le déni des réalités de terrain que ne connaissent que trop bien les gens de métier (policiers, pompiers, médecins, éducateurs) qui s’y confrontent au quotidien.

Quand un rappel à l’ordre se transforme en arrêt de mort
On se gardera évidemment de tout amalgame simplificateur entre la situation des Noirs aux États-Unis et celle d’un Blanc chauffeur de bus en France. Dans les deux cas pourtant c’est le rapport à l’ordre public qui est en cause : par excès quand des policiers gardiens de cet ordre abusent de leur pouvoir en assassinant froidement un homme présumé innocent ; par défaut quand un pays n’est plus capable de faire respecter l’ordre républicain sans lequel l’exercice d’un métier,
