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Comité Adama : tout le pouvoir aux people


Comité Adama : tout le pouvoir aux people
Assa Traoré donne une conférence de presse devant la mairie de Beaumont-sur-Oise -Val-d'Oise) lors d'un rassemblement en mémoire de son frère décédé lors d'une interpellation, 20 novembre 2016. © Julien Pitinome/NurPhoto

Si la France entière croit connaître les circonstances de la mort d’Adama Traoré survenue dans une gendarmerie le 19 juillet 2016, la genèse mondaine du comité qui entend en faire la victime d’une bavure raciste est bien moins connue. Enquête.


Ce 19 juillet 2016, la mort d’Adama Traoré est annoncée en début de soirée. Il fait très chaud. L’ambiance est électrique. Des émeutes commencent dès la nuit tombée et se poursuivent les cinq jours suivants. Les pouvoirs publics craignent un effet de contagion, comme en 2005, où tout était parti de la mort de deux jeunes poursuivis par la police. Ils sont assez vite rassurés. Les tensions se bornent au secteur de Beaumont-sur-Oise, Persan et Champagne-sur-Oise, où Adama Traoré avait ses habitudes. Ce n’est pas le cœur de la banlieue, plutôt une zone mixte, mi-village, mi-cité, tout près des plaines et des bois de Picardie, surveillée par les gendarmes et non par la police.

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Alors que le corps du jeune homme n’a pas encore été autopsié, la famille d’Adama joue l’apaisement. « Sous le coup de l’émotion et de la colère, certains membres de la famille ont pu dire des choses farfelues », déclare Lassana Traoré dans Le Journal du Dimanche du 24 juillet 2016. Installé à Bordeaux, c’est l’aîné de la famille. Il travaille. Il a pris ses distances avec les cités où zonait encore Adama. Il faut que « cessent les fantasmes d’un côté comme de l’autre », ajoute Me Frédéric Zajac, qui défend la famille. La mort d’Adama Traoré, qui ne fait même pas la une, à cause de la tuerie de la promenade des Anglais, survenue cinq jours plus tôt, semble vouée à un oubli rapide.

Mais les militants décolonialistes sont déjà sur le coup. On ne peut pas les accuser d’avoir récupéré l’affaire Adama : ils l’ont inventée de toutes pièces. Le 20 juillet, alors qu’ils sortent d’un rendez-vous en mairie de Beaumont, les proches d’Adama Traoré sont approchés par Samir Elyes Baaloudj, 44 ans, un historique du Mouvement de l’immigration et des banlieues (MIB), fondé en 1985. Ils rencontrent aussi Sihame Assbague, 31 ans, qui organise le même été un camp décolonial non mixte à Reims. Le lendemain de la mort d’Adama Traoré, elle twitte déjà à son sujet le hashtag #BlackLivesMatter. À l’époque, il est repris seulement par la sphère militante. C’est un bide. Suivant les conseils de ces militants, la famille remercie très vite Me Zajac. Elle se tourne vers un autre pénaliste, habitué des dossiers médiatiques,Yacine Bouzrou.

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Ces militants vont par ailleurs sélectionner comme porte-parole la demi-sœur d’Adama, Assa Traoré. Adama avait une jumelle, Hawa, mais elle vit à Valence et ne pourra pas se libérer facilement pour les médias. Assa est à Paris. Elle a du charisme et apprend vite. Elle va assumer à merveille le rôle de « la grande sœur qui a veillé sur la fratrie après la mort du père », survenue en 1999.

C’est un rôle de composition. En réalité, Assa n’a pas vécu longtemps avec Adama.


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Été 2020 – Causeur #81

Article extrait du Magazine Causeur




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Journaliste

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