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Versailles, la casse du siècle

Versailles aux Versaillais ?


Versailles, la casse du siècle
Le bassin de Neptune déserté dans les jardins du château de Versailles, 1er juin 2020. © Hannah Assouline

Engagé dans une folle course aux entrées, le château de Versailles ploie depuis des années sous le poids du nihilisme touristique. Il aura fallu l’irruption d’un virus pour que ce joyau soit rendu aux Versaillais.


Pendant le confinement, les moments de grâce se sont multipliés au pied du château de Versailles. En haut de la rue des Réservoirs, entre le théâtre inauguré en 1777 par la sulfureuse Mademoiselle Montansier, et qui porte à présent son nom, et la chapelle royale recouverte d’une bâche en trompe-l’œil car en restauration, les riverains ont pu assister à des bagarres de chats au bon milieu de la chaussée, ouvrir grand les fenêtres – pour ceux qui, vivant au rez-de-chaussée, sont privés de ce plaisir en temps normal – et, enfin, écouter le silence, seulement interrompu par les trilles et trémolos des oiseaux. On a observé des biches aux alentours de la pièce d’eau des Suisses. La terminaison en cul-de-sac du boulevard de la Reine, d’habitude investie pas des Parisiens et pique-niqueurs venus des banlieues, a pris l’allure d’un terrain de jeu où on distinguait nettement les familles en train d’abuser gentiment de l’autorisation de sortie d’une heure. Face au Trianon Palace, les enfants jouaient au foot comme dans un village. Charlotte, 50 ans, Versaillaise de souche, verse une larme. Il y a vingt ans, rappelle-t-elle, le bosquet de la Reine était réservé aux Versaillais, qui aimaient y emmener leurs enfants. Le projet de l’ouverture de cette partie du parc du château aux touristes avait même provoqué des manifestations – restées sans effet. Désormais, comme tout le monde, les Versaillais doivent payer pour y accéder. Et si, jusque dans les années 1990, il était difficile, faute d’établissements, de se restaurer à Versailles, le provincialisme contribuait à préserver cet entre-soi dont personne ne semble se plaindre ici et que l’on retrouve provisoirement à l’abri de frontières fermées.

Des joggers Versaillais retrouvent les joies de la cour du château déserte. © Hannah Assouline
Des joggers Versaillais retrouvent les joies de la cour du château déserte.
© Hannah Assouline

« Versailles aux Versaillais ! »

Ce qui a mis fin à cette douce quiétude, c’est évidemment le tourisme. L’afflux ininterrompu observé ces dernières décennies inspire des cris d’exaspération


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Juin 2020 – Causeur #80

Article extrait du Magazine Causeur




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Paulina Dalmayer est journaliste et travaille dans l'édition.

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