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Une amnistie pour tous les criminels «racisés»?


Une amnistie pour tous les criminels «racisés»?
Jagmeet Singh, le chef du Nouveau parti démocratique au Canada, promeut une justice moins sévère envers ceux qu'il appelle les "racisés" © Nathan Denette/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22389460_000009

Et maintenant, les «antiracistes» veulent abolir la «justice des Blancs» !


Le déboulonnage de statues est manifestement devenu le nouveau hobby de nos antiracistes racistes, plus que jamais décidés à nous imposer leur vision anachronique, revancharde et mauvaise perdante de l’histoire. Signe de leur inculture mélangée à leur haine de tout ce qui est « blanc », à San Francisco aux États-Unis, des exaltés ont même réussi à vandaliser un buste de Cervantès, qui fut lui-même cinq ans esclave à Alger. L’iconoclasme antiraciste atteint des sommets de violence gratuite et d’aveuglement.

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On sait dorénavant que cette nouvelle génération de militants appartient à la culture « woke », to wake signifiant en anglais « se réveiller ». Véritables petits bouddhas sociaux, ces personnes se seraient éveillées à l’emprise d’un phénomène discret et invisible mais aussi puissant que le diable : le racisme systémique. On ne nous demande plus de condamner les actes de racisme ordinaire qui perdurent encore ici et là (aux États-Unis, ça ne fait aucun doute), mais de découvrir et conjurer le caractère profondément xénophobe de la société sous toutes ses facettes. Même les plus radicaux des antiracistes « blancs » seraient en fait inconsciemment racistes. À mi-chemin entre l’ésotérisme de pacotille et le combat politique, l’antiracisme raciste est une révélation.

Les antiracistes savent quelque chose que vous ne savez pas

 L’une des premières sphères qui est pointée du doigt est le système de justice des pays occidentaux qui ne serait au fond que le bras armé et juridique de « l’ordre blanc ». Il ne s’agit pas seulement de revoir les façons de faire des corps de police appelés à intervenir dans les quartiers difficiles, mais de repenser l’intégralité du fonctionnement de nos sociétés.

Le multiculturalisme ne se contente plus d’instaurer une sorte d’apartheid juridique – une justice parallèle –, il nous demande dorénavant d’innocenter des criminels au nom du progrès social. À quand une amnistie pour tous les criminels « racisés » ?

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Au Canada, une récente intervention de Jagmeet Singh, le chef du Nouveau parti démocratique (NPD), une formation de gauche, est révélatrice de cet appel à la clémence face à la « justice des Blancs ». Le 9 juin dernier, M. Singh s’est dit opposé à l’instauration de mesures visant à débusquer les fraudeurs dans le système d’octroi des aides financières accordées aux Canadiens ayant perdu leur emploi en raison du Covid-19. La raison invoquée par le chef néo-démocrate : les mesures auraient pour effet de viser une trop grande proportion de gens « racisés ». Il serait quand même injuste que des gens finissent en prison pour des actes criminels qu’ils ont commis !

Au Québec en 2003, un avocat avait déjà tenté d’expliquer le proxénétisme de son client en plaidant que ses origines haïtiennes l’avaient poussé « à s’entourer de prostituées ». Heureusement, le juge n’avait pas tenu compte de son plaidoyer aux accents racistes. Mais les antiracistes ont inventé quelque chose d’encore plus fort. Il ne s’agit plus de jouer la carte du relativisme culturel pour excuser les écarts de conduite des personnes incarnant une certaine altérité, mais de les déresponsabiliser de leurs actes pour les imputer à la poursuite d’un mal difficile à identifier. Il faut espérer que les systèmes de justice occidentaux, dans leur ensemble, ne se laissent pas corrompre par cette vision du monde.

L’Occident au banc des accusés

Privées des privilèges dont jouissent naturellement les « Blancs », les personnes de couleur seraient incitées à commettre des crimes dans un monde faussement méritocratique où les origines ethniques comptent davantage que le curriculum vitae. On comprend évidemment que la pauvreté favorise partout la criminalité et la violence, mais la justice en tant que telle n’a pas pour vocation de se substituer à la sociologie. Ici, le coupable du crime n’est plus la personne qui l’a commis de son plein gré, mais la société dite coloniale. C’est l’Occident qui est appelé au banc des accusés. Les enfants des ex-colonies seraient des marionnettes dont les fils sont tirés par le grand méchant loup « euro-descendant ».

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Dans plusieurs villes américaines, la création de « zones libres de police » durant les récentes manifestations antiracistes incarne cette volonté de se soustraire à la « justice des Blancs ». On reconnaît bien sûr l’influence de Michel Foucault dans cet appel à la déconstruction de la justice universelle et de l’univers pénal et carcéral. Dans les pages du journal québécois Le Devoir, une jeune intellectuelle à la mode écrivait qu’il fallait même penser à mettre fin à la « carcéralité » en raison de la surreprésentation des Amérindiens dans les prisons canadiennes. « La punition comme simulacre de justice et l’effacement des populations dites indésirables sont gravés dans la pierre de l’institution carcérale », tranchait Mme Aurélie Lanctôt le 12 juin, toujours du haut de ses privilèges pâles.

Si les prisons ne conviennent pas aux personnes « racisées », pourquoi ne pas les abolir, se demandent nos grands éveillés ? Dans la même logique, si l’Occident incommode les gens discriminés, pourquoi ne pas penser à le détruire ?

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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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