Fruit de la mondialisation, le tourisme de masse met à la fois en péril l’avenir de notre planète et les merveilles de notre passé. Du Mont-Saint-Michel à Notre-Dame, un numerus clausus s’impose pour préserver nos chefs-d’œuvre en péril.
Si on est toujours le con de quelqu’un, on est aussi, immanquablement, le touriste de quelque part. Telle est la loi d’airain d’un phénomène qui, né dans les élites de l’Europe des Lumières, s’est développé dans la seconde moitié du xxe siècle pour devenir un phénomène mondial : le tourisme de masse. Enfant monstrueux des Trente Glorieuses, celui-ci repose sur la multiplication et le faible coût des moyens de déplacement (train, et surtout avion après 1960), la hausse du niveau de vie moyen, principalement en Occident jusqu’à la fin du xxe siècle, enfin des injonctions « culturelles » qui vous incitent à visiter tel lieu, tel monument ou musée, vendus comme autant de produits de la société de consommation, au moyen d’images standardisées et de slogans parfois drôles, souvent vulgaires. Il est ainsi quasiment impossible d’y échapper, car le tourisme de masse est à la fois une économie et un système très sophistiqués, un produit de la mondialisation heureuse et uniformisatrice.
Nous sommes donc tous, de manière plus ou moins consciente, des acteurs de ce système terrifiant, qui intègre la troupe entière, ses zélateurs comme ses détracteurs. Il n’existe d’ailleurs que peu de contre-solutions, sinon le voyage seul dans une zone à risque (l’aventure donc, avec son lot de dangers), ou l’appartenance au microgroupe des très-très-riches, qui peuvent combiner beauté et rareté, en revenant au petit nombre qui fondait le tourisme il y a deux siècles.
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Le tourisme de masse : du divertissement à tout prix
L’autre différence fondamentale par rapport au « grand tour » du xviiie siècle, c’est qu’alors les voyages formaient la jeunesse, tandis qu’avec le tourisme de masse, le voyage doit distraire, amuser sans peser trop – « on est
