Les Fonds Régionaux d’Art Contemporain (FRAC) et le PACS ne présentent aucune similitude à première vue. Mais comme chacun sait, tous ceux qui s’y opposent sont des « réacs », ces affreux marginaux qui n’aiment pas le progrès… Jérôme Serri propose un retour en arrière sur ces fabuleuses avancées des dernières décennies.
Dans un article paru récemment dans le magazine Causeur du mois de mai, Pierre Lamalattie nous apprend que les FRAC (Fonds Régionaux d’Art Contemporain) ont traversé sans difficulté les deux mois de confinement. C’est à ses yeux la preuve de leur inutilité.
Étant habitués à avoir très peu de visiteurs voire aucun, ils ne peuvent en effet regretter, comme le Louvre ou le Musée national d’art moderne, la fermeture qui leur fut imposée. Ce constat est l’occasion de rappeler ce que fut leur histoire et de remarquer qu’elle a quelques similitudes avec… celle du PACS (Pacte civil de solidarité). Libre à chacun de s’interroger ensuite sur des manipulations plus récentes et de se demander si la démocratie n’est pas mise en péril par autant de désinvolture.
Ces liens déroutants entre les FRAC et le PACS
Depuis Marcel Duchamp, les « artistes » que l’on dit « contemporains » n’ont eu de cesse de critiquer l’art des musées et, avec lui, l’institution muséale. Laissons de côté l’analyse des différents arguments qui, depuis Paul Valéry, se sont affrontés de façon fort confuse sur la question du musée dans notre rapport aux œuvres d’art.
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Au début des années 80, ont donc été mis en place les FRAC dont la vocation était d’acquérir des « œuvres » et de les présenter de façon temporaire dans des lieux aussi différents qu’un centre culturel, une médiathèque, un hall d’hôtel de ville, un château ou une abbaye. Les artistes contemporains voulaient que leur existence soit reconnue et, pour cela, distinguée de celle de leurs prédécesseurs exposés, quant à eux, dans les musées.
De leur côté, les homosexuels, autrefois critiques vis-à-vis du mariage et de la famille, l’un et l’autre considérés comme des institutions bourgeoises, souhaitèrent que leurs couples puissent bénéficier de la même reconnaissance sociale que les couples hétérosexuels. On mit alors en place pour eux, à la fin des années 90, le PACS qui fut également, au nom de l’égalité des droits, ouvert aux couples hétérosexuels.
Les artistes contemporains souhaitèrent que la notion de culture fût suffisamment élargie pour que des pratiques qui n’avaient que peu de rapport avec elle puissent y trouver leur place. Les homosexuels de leurs côtés souhaitèrent que la notion de famille fût, elle aussi, suffisamment élargie pour que des pratiques, qui n’avaient que peu de chance d’assurer une filiation, puissent y trouver leur place.
Et puis, le progressisme confondant progrès et fuite en avant, il fut décidé, avec la bénédiction de toutes les lâchetés politiques, d’aller plus loin dans l’extravagant. Car le but poursuivi par les idéologues du progressisme sans limite n’est plus, depuis longtemps, le progrès. Leur but est la déstabilisation de notre civilisation, et leur moteur, le ressentiment à son égard. Non contents d’être minoritaires, incertains de ce qu’ils font ou de ce qu’ils sont, ils veulent désormais – c’est une stratégie – être assimilés à ceux auxquels ils se disaient hier inassimilables. Alors qu’ils avaient les FRAC, les artistes contemporains finirent par obtenir la construction de musées qu’ils détestaient. Alors qu’ils avaient le PACS, les homosexuels finirent, quant à eux, par obtenir l’accès au mariage dont certains d’entre eux dénonçaient par ailleurs l’absurdité de la revendication.
Quand les FRAC et le PACS font des usages fallacieux de leurs domaines
Farouchement opposé hier à ce que les Fonds régionaux deviennent des musées d’art contemporain, Claude Mollard, l’ancien conseiller de Jack Lang, s’est félicité de voir s’en ouvrir un peu partout en France et justifiait son revirement de la façon suivante : « J’avais l’intuition que la création de ces fonds sans lieu aboutirait inévitablement, par leur vitalité, à la création de lieux spécifiques. C’était une stratégie ».
Farouchement opposée hier au mariage homosexuel, l’ancienne garde des sceaux, Elisabeth Guigou, a approuvé en 2013 le projet de son successeur au ministère de la Justice, et justifiait son revirement en laissant entendre qu’il s’agissait également d’une stratégie : « À l’époque, l’important était de faire passer le PACS. Il y avait une résistance farouche au PACS à l’Assemblée, mais aussi dans la société avec des manifestations, des débordements verbaux inadmissibles… Donc, l’important, c’était de dissocier le PACS du mariage, sur le plan légal et sur le plan symbolique ».
Les défenseurs de l’art contemporain, tentant d’intimider ceux qui s’indignaient de cette interminable imposture, firent un usage fallacieux de l’histoire de l’art : « Vos arrière-grands-parents ont manqué les impressionnistes, ne répétez pas aujourd’hui leur erreur d’hier ». Les défenseurs du mariage homosexuel, tentant d’intimider les parlementaires qui refusaient l’énormité du contresens, firent quant à eux un usage fallacieux de l’histoire politique : « Les parlementaires de la IIIe République refusèrent d’accorder le droit de vote aux femmes, ne répétez pas aujourd’hui leur erreur d’hier ».
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Le politiquement correct : rééduquer de manière soft
Dans un cas comme dans l’autre, la bévue des pères a été instrumentalisée pour inhiber le jugement des fils. Vous n’êtes pas convaincu que le simple châssis en bois accroché au mur est une œuvre d’art ? Vous êtes surpris d’entendre un robuste gaillard vous parler incidemment de son mari ? Attention ! vous risquez d’être ringardisé et de voir votre avancement dans la carrière compromis.
Comment faire ? Le politiquement correct est un camp de rééducation « soft », dans lequel vous vous rééduquez vous-même.
La méthode est simple : les politiques vous l’ont montrée depuis des décennies. Comme eux, devant ce châssis ou le mari du mari, ne laissez paraître aucune désapprobation ! Retournez-la comme un gant, vous serez dans le sens de l’histoire et votre jugement conforme à la vérité. Faites-vous en l’apôtre sans attendre ! N’hésitez pas à invectiver votre ami d’hier si, ne vous comprenant plus, il ne vous suit pas ! Traitez-le au besoin de réactionnaire en art ou d’homophobe et, si cela ne suffit pas, de fasciste ! Vous verrez, tout ira mieux alors pour vous dans le meilleur des mondes et vous serez l’invité des plateaux de télévision.