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Hollande, un faux gentil


François Hollande n’est pas gentil, finalement. Hier le septième président de la Vème République tout à ses serrages de mains, embrassades d’amis de 30 ans ou de fans dans la rue a laissé transparaître une partie de son caractère qu’on ne voit que rarement : sa dureté et sa rancune tenace.

Salle des fêtes de l’Elysée, discours du nouveau président qui avait déjà tourné les talons sur le perron alors que l’ancien n’était pas encore parti. Il rend hommage à ses prédécesseurs : De Gaulle, la grandeur de la France. Pompidou, Giscard, la modernité. Mitterrand, l’ombre tutélaire. Chirac, l’unité maintenue. Arrive le moment du petit mot à Sarkozy : allait-il louer son action dans la crise, sa foi européenne, son activisme en Libye, en Géorgie ou en Côté d’Ivoire ? Disons que même pour un président de gauche, on peut faire une phrase consensuelle sur le sujet.

Patatras, Hollande envoie tous ses vœux de « succès » au sortant « pour sa nouvelle vie ». On n’aurait pas été plus surpris que ça qu’il lui souhaite de bonnes siestes dans sa chaise longue et d’heureux parcours en vélo dans le sud de la France. Bonjour chez vous…

Immédiatement à droite, on s’est offusqué de ce manque de classe, de ce tacle présidentiel, sous-entendu pas à la hauteur.

Honnêtement je suis partagée : c’était rendre coup pour coup. Que je sache Sarkozy et ses seconds couteaux n’ont pas été tendres avec celui qui est aujourd’hui à l’Elysée, les surnoms ont volé bas pendant un an. Alors faire comprendre, à peine installé, qu’on n’est pas copain-copain, c’est la base. D’autant que c’est assez raccord avec la campagne anti-Sarko menée tambour battant par la gauche : il abaisse la France, déshonore le pays, met à sa botte la justice, vide les caisses de l’Etat au profit des plus riches. Difficile si on est cohérent ensuite de lui rendre hommage, même un peu, même pour de faux.

Ce faisant, qu’est-ce que cette pique veut dire ? Que Hollande est teigneux (au cas où ça vous aurait échappé), qu’il est rancunier et ne lâche rien. Honnêtement qui pouvait croire autre chose : comment survivre à 11 ans de PS en étant le gentil Flamby qui fait des blagues qui font rire la presse et rien d’autre ? Comment oser se présenter à la primaire contre l’archi-favori puis, après l’explosion en vol de DSK la gagner contre tous, y compris contre son ex femme (ex-compagne c’est grotesque) qu’on n’a pas tellement aidée en 2007 ?
En tuant, de sang froid, comme les autres. En pratiquant les coups bas, comme les autres. En maniant l’ambiguïté et la fourberie, comme les autres. Bon en enrobant par des blagues et un « solide coup de fourchette » avant le régime, comme l’explique la grande presse. Mais animal à sang froid tout pareil.

D’ailleurs, certains ne vont pas tarder à en faire les frais. Ses anciens meilleurs amis de gauche et du PS qui en dépit de leurs positions incontournables sur l’échiquier du parti vont se retrouver sans ministère, ni rien. Somme toute, ce n’est pas au moment où on peut enfin les faire payer qu’on va s’en priver : Martine Aubry, Fabius et d’autres le savent déjà… Et je parie que dans 5 ans on reparlera du caractère du président normal. Méchamment normal.



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