Accueil Édition Abonné Avril 2020 RN: la gauche qui marche?

RN: la gauche qui marche?


RN: la gauche qui marche?
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon lors de l'Emission politique du 17 mai 2018. ©CHAMUSSY/SIPA / 00859488_000022

Étatiste, antilibéral, républicain: le Rassemblement national aurait-il trop dérivé vers la gauche ? Si la dédiabolisation engagée par Marine Le Pen déroute le FN canal historique, la réorientation idéologique du mouvement avait été amorcée par son père dès les années 1990.


« Le RN ? C’est le seul parti de gauche qui marche ! » Dans la bouche d’un proche de Jean-Marie Le Pen, la boutade tombe comme un couperet. Pour le Menhir, la trahison de sa fille est totale : familiale, idéologique et stratégique. « A-t-on déjà vu quelqu’un exclu du parti qu’il avait créé ? » s’interrogeait-il l’automne dernier sur le plateau de Réac n’roll. En coulisses, ma réponse (« Oui, Mussolini, par son gendre ! ») le fit sourire.

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Plus sérieusement, gardons-nous de confondre les blessures narcissiques de Le Pen avec des ruptures idéologiques. Étatiste, antilibéral, national-républicain, le Rassemblement national a dangereusement dérivé vers la gauche aux yeux des zélateurs de son président historique. Mais celui qui aimait se présenter comme le « Reagan français » n’a pas suivi une trajectoire rectiligne, tant s’en faut. Au-delà de ses provocations verbales, essentiellement autour de la question juive, en quarante ans de présidence du Front national, Jean-Marie Le Pen a substantiellement évolué – certains diraient louvoyé – sur des sujets aussi essentiels que l’économie, la géopolitique voire la nation. En comparaison, Marine Le Pen manifeste plus de constance. Même un cadre déçu du marinisme, aujourd’hui dans la roue de Florian Philippot, en convient : « Cela fait deux ans qu’elle n’a pas prononcé le mot “nationalisation”, mais elle garde un fond de conviction assez chevènementiste. » Depuis sa disgrâce en 2017, l’ex-chouchou de Marine vilipende le virage libéral-identitaire que le parti aurait engagé sous l’influence de Philippe Olivier, beau-frère de la présidente. Comme ses épigones européens (Lega, AfD), le RN a renoncé à la sortie de l’euro, mais conserve une ligne socialisante qui l’en distingue. En réalité, Montretout ne s’est pas fait en un jour : si on peut désormais considérer le Rassemblement national comme un parti idéologiquement à gauche,

Avril 2020 - Causeur #78

Article extrait du Magazine Causeur




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est journaliste.

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