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Libéraux qui rient, Conservateurs qui pleurent


Dans son commentaire des élections allemandes, Daoud Boughezala va un peu vite en besogne à mon goût. Cuisant échec pour Merkel d’accord, mais pas pour toute sa coalition. A écouter les électeurs en Rhénanie-Palatinat de plus près, on entend des cris de joie chez les alliés libéraux de la Kanzlerin. Le Parti Libéral Démocrate allemand (FDP) fait en effet un bond de 28% dans les urnes. Le système électoral byzantin amplifie sa victoire en lui donnant 40% de sièges en plus, 22 élus au total.

Notons que ces Libéraux sont dans le tiercé des gagnants de cette élection, avec le SPD et le Parti Pirate : tous les autres perdent des voix, y compris les Verts.

D’abord une précision sur le Parti Pirate. « Libéral-libertaire » et « inconséquent » ? Les épithètes choisis par L’Humanité prouvent que certains phénomènes politiques passent sous le radar des observateurs français. Comble de l’obsolescence des logiciels idéologiques, d’autres n’hésitent pas à les rattacher à l’extrême gauche ! Or la contestation du principe de la propriété intellectuelle, coeur de leur programme, est un point de discussion très familier pour les libéraux français, et largement répandu chez les partisans de Ron Paul dans la primaire républicaine américaine. Comme quoi, on n’a jamais fini de couper les têtes de l’hydre libérale.

Remettons les choses en perspective. Depuis son score historique au Bundestag en 2009 (15% des voix), le FDP n’a cessé de décliner dans les sondages et dans les urnes, lesté par l’impopularité de son président, l’actuel ministre des affaires étrangères Guido Westerwelle. L’élection en 2011 d’un nouveau président, le ministre de l’économie et vice-chancelier Philipp Rösler marque l’arrivée d’une équipe renouvelée et plus jeune. Avec le résultat de dimanche dernier, et un score meilleur que prévu la semaine précédente dans le Schleswig-Holstein, on peut sérieusement douter qu’un quelconque « effet Hollande » ait traversé le Rhin.

L’opinion allemande juge sévèrement la politique accommodante de Merkel vis-à-vis du « Club Med » de la zone euro. C’est donc tout naturellement vers un parti attaché à une monnaie saine et à un Etat limité que les électeurs de la CDU se tournent. Les analyses détaillées du scrutin de dimanche dernier confirment cette tendance. Si les alliés libéraux de Merkel reprennent de l’assurance, il y a fort à parier que François Hollande aura du mal à réussir sa danse des sept voiles devant la chancelière.



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vit à Tourcoing. Il est menuisier et conseiller national du Parti libéral-démocrate.

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