Ma guerre en short. La chronique de Cyril Bennasar.
Confiné, je me sens tellement en vacances que je suis allé acheter des magazines chez la marchande de journaux chinoise et masquée du coin de la rue. Sur le Chinois, le masque ne donne pas la même impression de film-catastrophe que sur les autres Français, ça choque moins, on a l’habitude. Ces gens-là n’ont de toute façon aucun sens esthétique, et tiennent plus à la vie qu’à leur apparence, c’est bien connu.
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La vie est trop courte pour lire chaque semaine l’Express, Marianne ou Le Point ou l’un de ces hebdos centristes qui dénoncent les extrêmes et nous mettent en garde contre la montée des populismes, mais en été comme en confinement, les journées sont tellement longues que je lis tout ce que je trouve. Il m’arrive même de prendre L’Obs et Télérama pour voir jusqu’où on va descendre, comme dirait notre intellectuel ostracisé par les manœuvres de la communauté organisée. À ce propos, je ne suis pas encore allé voir sur son site pourquoi et comment les juifs sont impliqués dans la pandémie. Il faudra que j’y pense.
Mais, mais… c’est de la merde?
Arrivé chez moi, j’ouvre le Point, le magazine de ceux qui payent trop d’impôts. Je saute l’éditorial de Giesbert et je commence un peu vite le billet de Patrick Besson. Du coup, je loupe le titre : « Réfugiée à Bénouville-la-goguette », je ne vois pas le « e » à la fin de « réfugiée ». C’est un journal, quatre paragraphes, lundi, mardi, mercredi, jeudi. Je commence et je sens que quelque chose cloche mais je ne vois pas quoi. Quand l’auteur évoque son mari, je tique. Je relis et je demande à ma femme : « Attends, Le Besson du Point, c’est lequel ? Le pédé qui a failli être consul ou le serbo-croate stalinien ? » C’est drôle comme le doute peut faire vaciller la mémoire. Elle me montre sa tête sur Google (c’est bien le communiste). Je continue. Jeudi, je lis : « Lu pendant la nuit le journal d’Anne Franck. Il me semble que les récents événements ont éclairé ma lecture. Que de points communs entre cette jeune fille séquestrée par les nazis et moi. » Trop c’est trop. À un moment je relève la tête et je demande comme le pharmacien du Père noël est une ordure devant le doubitchouk : « Mais, mais c’est de la merde ? »
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Non, c’est une parodie. Je suis complètement tombé dans le panneau. Que celui qui n’a jamais lu ce genre de conneries écrites dans le plus grand sérieux me jette la première pierre !
Mais ça tombe très bien. Le matin même, je me disais que je devrais peut-être lire les journaux du confinement de Leïla Slimani ou de Marie Darieussecq pour voir à quoi ça ressemble. C’est inutile à présent. Je ne connais le genre du journal que par Jules Renard et par Renaud Camus, notre cher grand écrivain que le virus menace et pour lequel nous nous inquiétons. Peut-être plus que lui-même qui ne se sent plus rien de commun avec ce monde. S’il ne tient plus à nous, nous tenons beaucoup à lui et l’idée qu’il pourrait nous abandonner un jour me serre le cœur. Ce jour-là me plongera dans la lecture de son œuvre pour longtemps alors que quand Jean D’Ormesson est mort, j’ai réécouté Johnny. Je pense au maire de Saint-Malo à qui Chateaubriand demandait la permission de reposer sur la terre et face à la mer de son enfance et qui lui répondit qu’il serait honoré de lui faire bâtir un tombeau en ajoutant : « Cher grand homme, puisse le monument rester longtemps vide ».
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