Le billet du vaurien Roland Jaccard
Nous savons que la principale menace qui pèse sur la planète est la surpopulation. Nous savons également que les guerres ou les épidémies provoquent une salutaire relaxation démographique. Douloureuse certes à supporter, mais indispensable. Aussi est-il permis de se demander si le pacifisme ou les mesures d’urgence sanitaire, aussi bien intentionnés soient-ils, ne vont pas à rebours des buts qu’ils se proposent.
La Première Guerre mondiale a fauché des millions de jeunes hommes. La Seconde n’a épargné personne. Quant à la grippe espagnole, elle a touché essentiellement des personnes qui avaient entre trente et quarante ans. Et nous voici face au Coronivarus qui va sans doute décimer les seniors et les individus dont les défenses immunitaires sont particulièrement fragiles. Une fois que le virus aura accompli sa tâche, il régressera et ne subsistera qu’à l’état résiduel, tout comme le Sida.
Quitte à choquer des âmes sensibles, j’en viens à me demander s’il ne serait pas préférable de laisser les populations vivre à leur aise, même si cela doit augmenter substantiellement une mortalité pour l’instant encore infime. Il est vraisemblable que nous assistions à intervalles réguliers à des crises sanitaires, économiques ou guerrières contre lesquelles nous serons toujours plus démunis. Se protéger, pourquoi pas ? Rassurer les populations avec des paroles anxiogènes et des mesures liberticides, c’est la mission des politiques. Mais on peut demeurer sceptique sur les résultats annoncés. De toute façon, tant que la relaxation démographique n’aura pas eu lieu, ce ne sera jamais que partie remise.
Accepter des restrictions à nos libertés et assister à l’effondrement de l’économie est certes un spectacle réjouissant pour les amateurs de films apocalyptiques. Soleil vert de Richard Fleischer en est une belle anticipation. Mais, à titre personnel, je préférerais que ce soit sans toucher à mon mode de vie. La Liberté ou la Mort ! J’ai l’impression qu’on piétine nos libertés face à l’inévitable. Oui, chacun a rendez-vous avec la mort… à quoi bon y prêter trop d’attention ? Pourrir nos existences parce qu’un minuscule virus fait son boulot (si ce n’est pas lui qui le fait, un autre prendra la relève) témoigne d’un volontarisme un peu vain. « Pratique le non-agir et tout restera dans l’ordre » conseillait Lao-Tseu. La sagesse taoïste méritait un rappel. Voilà qui est fait !
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