Il n’y a pas de guerre. Il y a un bouleversement de notre environnement qui nous impose ses lois qui sont celles de la nature éternelle et changeante. Face à cet environnement qui transforme le cours de nos vies humaines, une fois de plus, il est nécessaire de s’adapter, de trouver des ressources, mais aussi de regarder qui nous sommes, ce que nous faisons et comment nous fonctionnons, individuellement, en groupe, collectivement, socialement.
Une part de raison et une part de folie en chacun
Ce que cette crise sanitaire révèle, c’est cette nécessité de l’adaptation intelligente et en même temps notre incapacité partielle à affronter le réel. Des années de pratique thérapeutique m’ont appris que personne ne pouvait échapper au sort commun qui est notre part de raison et notre part de folie.
A lire ensuite: Le virus de la propagande
Cette crise révèle à la fois notre résilience et notre démence, la résilience plus ou moins grande de certains, la démence plus ou moins forte d’autres, la résilience et la démence de tous, à des degrés divers. Oui, personne n’est épargné. Les puissants comme les humbles. Le scandale Buzyn, parmi tant d’autres, démontre que les rois sont nus, que nous ne devons pas idolâtrer nos chefs, nos dirigeants et mépriser le peuple. Et inversement probablement.
Des années de pratique thérapeutique dans les contextes humains et sociaux les plus divers m’ont appris que la folie était le propre de tous les êtres humains, en fonction des circonstances et quels que soient l’intelligence, l’éducation, le statut social, la richesse matérielle.
Faibles et forts
Blessés dans l’enfance ou plus tard dans la vie sociale, par manque d’amour, de sécurité ou de reconnaissance, nous sommes plus ou moins, à des degrés divers, rendus incapables de voir la réalité de nous-mêmes, des autres, du monde. Serait-ce là la définition de la folie, cette hallucination devant le réel ? Les conduites dépressives, égoïstes, parfois monstrueusement, paranoïaques seraient-elle partagées, du haut en bas de l’échelle sociale ? Je le crois vraiment. Je le vois.
A lire aussi, Elisabeth Lévy: Confinement à la française
Si nous n’acceptons pas ce fait de l’existence de la folie ordinaire et de la violence, évidente ou peu visible, qui n’est autre que de la folie en acte, nous ne parviendrons pas à sortir de cette crise par le haut et nous retomberons toujours de crise en crise, sans trouver la paix et la sécurité que nous recherchons, même imparfaites et provisoires.
Guérison collective
Nos dirigeants, aussi intelligents et compétents dans tel ou tel domaine soient-ils, peuvent être fous. Fous d’ambition, de fanatisme idéologique, de narcissisme égoïste. Nous ne devons leur accorder notre confiance qu’avec parcimonie et circonspection, rester toujours vigilants, sur nos gardes, responsables.
Personnellement, c’est la leçon que je tire de cette crise, une leçon sur ce qu’est une vraie vie démocratique : la capacité de remettre en cause, de discuter, de prendre la parole, de contribuer à prévoir, à reconstruire, à renouveler, à inventer. Pour cela, nous aurons besoin d’une nouvelle éducation civique, d’une éducation à la vie démocratique qui est faite d’un mélange d’émotions, de passions, de raison, de cette raison qui doit gouverner l’ensemble. Nous aurons besoin d’une guérison collective.
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !