Ce n’est pas la première fois que je me trouve des affinités paradoxales avec Georges Kaplan. J’ai toujours su que le dépérissement de l’Etat était notre objectif commun pour que naisse enfin un individu autonome, responsable de lui-même et de son rapport à l’autre, en un mot un individu émancipé. Comme lui je crois à la possibilité d’harmonies spontanées qui permettront que le libre développement de chaque individu soit l’unique condition du développement de tous comme le disait un célèbre fils de rabbin de Trèves au XIXème siècle.
Dans son dernier article, il fait l’apologie d’un égoïsme comme vertu et il a bien raison. Dans son papier, je lui reprocherai juste une note un peu fielleuse qui renvoie Front de gauche et Front National dos à dos. Il sait que c’est historiquement faux, intellectuellement malhonnête, voire pour les plus anciens des deux camps qui n’étaient pas du même côté du fusil, franchement insultant.
C’est un peu comme si je lui renvoyais comme argument à sa vision friedmanienne d’une société sans état la Somalie qui effectivement fonctionne sans fonctionnaires surmutualisés mais est devenu l’archétype d’une nation retournée à la barbarie de la loi de la jungle. Ou encore que je lui rappelle que la liberté politique induite par le libéralisme politique a moyennenemnt, mais alors très moyennement convaincu les chiliens de 73 et que Margaret Thatcher enviait Pinochet pour pouvoir se passer de cette encombrante démocratie qui empêche d’aller jusqu’aux bouts des inévitables réformes.
Mais revenons à nos moutons. J’ai voté Hollande parce que je suis égoïste. Non par par un quelconque corporatisme, je ne suis qu’un intello précaire comme on dit. Mais parce que j’ai la faiblesse de penser qu’il vaut mieux un président rose très pâle (rassurez-vous Hollande n’amènera pas dans son sillage des chars russes conduits par des femmes en burqa) pour réussir à faire pression avec des idées rouges.
Et pourquoi faire ainsi pression avec des idées rouges ? Par goût du casernement, de l’égalitarisme niveleur, du ressentiment envers les riches ? Vous n’y êtes pas du tout. Ma seule ambition en la matière est qu’on me foute la paix et de pouvoir vivre à ma guise. J’aime les bains de mer, la lecture, le vin (le moins soufré possible). Ce sont des plaisirs simples mais il me sera impossible de les conquérir, voire de les garder dans un océan de misère autour de moi. Je pourrais faire la grande âme et vous dire que je ne pourrais pas être heureux tout seul. Mais pas du tout. J’ai juste peur (la vieille histoire de l’humanité de Hobbes avant le Léviathan) qu’un jour les pauvres viennent légitimement renverser la table et demander des comptes au salaud d’hédoniste que je suis. Et pour éviter cela, je ne vois qu’une seule solution : le communisme. Une fois les richesses également réparties à chacun selon ses besoins, tout le monde laissera tout le monde tranquille puisqu’il n’y aura plus aucune raison d’en vouloir plus.
Bref, je suis communiste parce que j’aime mon confort et ma tranquillité. Parce ce que je suis un égoïste, un vrai.
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