L’article suivant a été écrit pour le numéro 45 de Causeur magazine, c’est-à-dire bien avant l’élection – triomphale – de François Hollande à la présidence de la République. Comme ce panégyrique de notre nouveau leader minimo n’a pas été relu par Manuel Valls, nous présentons toutes nos excuses à l’équipe du nouveau candidat sortant, si l’une ou l’autre erreur s’est glissée dans ce texte. Nous nous permettons de le publier ici, avant d’aller promener Baltique place de la Bastille où, paraît-il, Dalida et Barbara donnent un concert.
Tous les beaux garçons s’appellent François ! Peut-être avez-vous raison. Peut-être que j’exagère et que le hasard a posé sur votre route un beau garçon qui ne portait pas ce glorieux petit nom. Peut-être même qu’il s’en trouve un, loin, dans les contrées australes ou au septentrion, à s’appeler autrement sans toutefois être défiguré par la laideur coutumière aux hommes qui ne s’appellent pas François. En vérité, je vous le dis : ce prénom est béni entre tous – l’ami François Taillandier qui rassemble ces jours-ci ses chroniques parues dans L’Humanité dans une réjouissante France de Nicolas Sarkozy (Desclée de Brouwer) ne dira pas le contraire.
Hommes de peu de foi, il vous faut une preuve ? Tous les présidents socialistes de la Ve République s’appellent François. La règle ne souffre aucune exception. Les Gaston, les Lionel, les Ségolène ont pu caresser bien des espoirs et se bercer d’illusions. Pour eux, c’était cuit d’avance. Ce n’était pas qu’ils eussent une mauvaise tête pour l’emploi : ils n’avaient tout simplement pas le bon prénom.
Je serais Nicolas Sarkozy, je me méfierais de François Hollande. Il est candidat à la présidence de la République, il est socialiste et il s’appelle François. Il a tout pour lui. Et bien davantage encore : il est entouré d’équipiers hors pair. L’idée viendrait soudain aux Français d’envoyer François Hollande à l’Élysée qu’en cinq sec il aurait composé son gouvernement. Tant d’hommes de qualité l’entourent qu’il n’aurait que l’embarras du choix. C’est bien simple. Je serais à sa place, je les nommerais tous au gouvernement : François Rebsamen à Matignon, François Patriat à l’Intérieur, François Loncle à la Justice, François Brottes à l’Économie, François Marc aux Affaires sociales, François Pupponi à la Condition féminine, François Deluga au Commerce extérieur (avec un nom pareil il peut nous avoir des ristournes sur le caviar), François Kalfon à la Culture. Le gouvernement s’ouvrirait, bien entendu, à la fraction aubryste du Parti socialiste avec un François Lamy au Budget. Les Verts se rallieraient en voyant François de Rugy nommé à la Défense. Quant aux communistes, on les contiendrait en octroyant le Quai d’Orsay à François Asensi. Bien sûr, un tel gouvernement ne serait pas d’une composition très féminine. Pour y remédier, le chef de l’État nommerait, dans son infinie sagesse, Françoise Castex aux Affaires européennes – la parité vaut bien de concéder une voyelle surnuméraire. On taxerait alors de bon cœur les richards à 75 %. Et les Richard par-dessus le marché. Et tous ceux qui n’arboreraient pas le plus beau prénom qui soit. Ah ! qu’elle sera belle, la France au François !
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !