Les plus mauvaises idées font sourire mais s’avèrent souvent perverses. Les boutiques sans argent, nouvelle invention pas du tout innovante, ne coûte rien sauf au contribuable…
On connaît cet adage du marketing : quand c’est gratuit, c’est vous le produit ! Cela vaut pour les données récupérées en masse par les fournisseurs de services en ligne ou les entreprises qui vous envoient des échantillons gratuits ; cela vaut pour la télévision gratuite que vous payez en « temps de cerveau » disponible à Coca-Cola. Alors que penser d’un monde merveilleux dans lequel on pourrait se rendre dans des boutiques où tout serait gratuit ? Des lieux dans lesquels les échanges monétaires seraient bannis. Encore mieux que les centres commerciaux soviétiques Goum où il fallait quand même payer, et en roubles ! Ces lieux existent : il s’agit des « boutiques sans argent ». Il en essaime un peu partout sur le territoire, en Moselle, en Saône-et-Loire, en Ille-et-Vilaine et même dans Paris – où deux boutiques proposent ce service, l’une en « dur » dans le 12e arrondissement, et une autre temporaire sur les bords du canal de l’Ourcq. Comme la plupart des très mauvaises idées, la boutique sans argent nous vient d’Europe du Nord et d’Allemagne. Chacun peut venir y déposer des objets dont il n’a plus l’usage et/ou repartir avec des objets déposés par d’autres personnes. Ce n’est pas une épicerie solidaire : on cherche surtout ici à lutter contre le gaspillage, à sauver le monde de la surconsommation et de l’obsolescence programmée, bref à rendre le monde meilleur ! Les gérants se targuent d’interroger les habitudes de leurs visiteurs dans ce lieu forcément « solidaire et citoyen ». Or, non seulement la boutique sans argent réinvente le troc, mais elle fait circuler des objets inutiles (on est venu trouver une pompe à vélo, car on en a besoin, et on repart avec une lampe de chevet !) et en plus, ça a un prix ! La boutique du 12e arrondissement bénéficie de subventions, et d’un local mis à disposition par la mairie. Lieu de « mixité sociale » ou dernière lubie de bobos mal à l’aise avec leur niveau de vie ? Une chose est certaine : une telle invention ne peut exister que dans les pays riches.