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Non, Rachida Dati n’a pas dérapé sur l’immigration

Elle sonne le tocsin au sujet de la folie migratoire


Non, Rachida Dati n’a pas dérapé sur l’immigration
Une femme voilée marche à proximité du bar où a eu lieu la fusillade de Hanau, en Allemagne © Martin Meissner/AP/SIPA Numéro de reportage: AP22430782_000028

Après les fusillades survenues à Hanau en Allemagne, Rachida Dati avait dénoncé « l’ouverture massive des frontières » et fustigé la politique de la chancelière Merkel. La candidate à la mairie de Paris estime que Merkel comme Hidalgo n’écoutent pas l’opinion.


Le 19 février 2020, neuf personnes trouvaient la mort dans un attentat raciste commis contre un bar à narguilé dans la ville allemande de Hanau. Cet événement tragique a trouvé un écho dans la vie politique française. Dans un entretien à la radio, Rachida Dati, candidate aux élections municipales à Paris, a établi un lien entre l’attentat et la politique migratoire d’Angela Merkel (accueil d’un million de migrants).

De nombreuses voix se sont aussitôt élevées pour dire que Rachida Dati avait « dérapé », reprenant le fameux terme employé et répété ad nauseam pour disqualifier les propos de ceux qui s’éloignent du politiquement correct.

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Ces réactions moralisatrices font de l’immigration un sujet émotionnel, alors qu’il faudrait traiter ce problème de manière dépassionnée. S’il est possible de « déraper », c’est qu’il existe une route dont on n’aurait pas le droit de sortir. Demandons-nous qui trace cette route.

Ce stress culturel qui menace la cohésion des sociétés occidentales

Il a été reproché à la candidate LR pour la Mairie de Paris de faire un parallèle inexact ou douteux, puisque les victimes de l’attentat étaient des Kurdes, installés depuis longtemps en Allemagne et n’ayant donc aucun rapport avec les migrants accueillis depuis 2015.

Ce n’est pas faux. Mais pourtant, Rachida Dati a tout à fait raison sur le fond. Objectivement, l’arrivée massive de nouveaux migrants crée un « stress culturel » qui touche toutes les communautés et déstabilise la société dans son ensemble. L’exemple type de ce principe est le Liban des années 70, où l’arrivée des réfugiés palestiniens fit voler en éclat le fragile équilibre entre les différentes communautés autochtones (chrétiens, sunnites, chiites, druzes…). Le résultat fut une guerre civile qui dura 15 ans et causa 150 000 morts. Et c’est bien à une libanisation de l’Europe que conduit l’accueil massif de migrants.

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Sur notre continent, le stress culturel prend plusieurs formes : violences de la part des migrants, importation sur le sol européen de conflits étrangers (comme le montrent les scènes de guérilla urbaine des manifestants congolais à la Gare de Lyon, le 28 février dernier), tensions inter-communautaires, montée des sentiments intolérants, lesquels menacent de déboucher sur des violences aveugles et indifférenciées. Les Kurdes tués lors du terrible attentat de Hanau ont ainsi été les innocentes victimes de ce contexte ambiant de stress culturel créé par la politique d’Angela Merkel.

L’Allemagne sous tension

Ce stress culturel est tellement élevé qu’il est en train de faire basculer l’Allemagne dans une crise identitaire violente.

De graves et nombreux incidents émaillent l’histoire récente du pays : viols de Cologne au Nouvel An 2016, manifestations violentes du groupe islamophobe et néo-nazi Pegida, attentat d’Ansbach où un migrant syrien djihadiste se fit exploser dans un restaurant, attentat dans un train où un Afghan attaqua les passagers à la hache, persécution des membres de la Communauté Gülen par des fidèles d’Erdogan, affrontements entre Turcs et Kurdes, attentat sur le Marché de Noël de Berlin en décembre 2016 (commise par un migrant tunisien ayant transité par Lampedusa), arrestation d’un couple de djihadistes sur le point de commettre un attentat biologique à la ricine à Cologne, assassinat du préfet pro-migrant Walter Lübcke par des militants d’extrême-droite, agression antisémite d’un jeune homme portant une kippa par deux migrants syriens, attentat contre la synagogue de Halle en octobre 2019… Et enfin, le tout est couronné par la montée en puissance du nouveau parti de droite populiste, révisionniste et anti-migrants AfD. N’en jetez plus. Depuis 2015, des migrants sont à l’origine de 50 meurtres, de plusieurs centaines de viols et de milliers d’agressions.

Montée brutale du populisme

Plus généralement, on constate l’inquiétante progression des mouvements extrémistes partout en Europe. Ce phénomène politique est une conséquence directe de l’immigration. Dans les années 70 chez nous, le Front National était un obscur groupuscule de nostalgiques de l’Algérie française. À l’élection présidentielle de 1974, Jean-Marie Le Pen n’obtint que 0,75% des voix. Sa percée électorale à partir de 1983 s’explique par l’immigration massive et les craintes qu’elle suscita. C’est l’immigration qui a permis au Front National de représenter aujourd’hui 25% de l’électorat et de paralyser la vie politique française.

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Plus l’arrivée d’immigrés est soudaine et brutale, plus la montée du populisme est brutale.

C’est ce qu’on observe en Allemagne. Il y a donc quelque chose de paradoxal chez ceux qui à la fois fustigent les partis extrémistes et en même temps soutiennent l’immigration. C’est incohérent : c’est l’immigration qui partout nourrit les partis extrémistes et risque un jour de les amener au pouvoir. On ne peut pas à la fois défendre l’immigration de masse et se plaindre du progrès du populisme, puisque le second est la conséquence inévitable de la première.

Dati lucide

La société multiraciale se transforme alors en une société multiraciste. Accueillir davantage de migrants, c’est rendre l’intégration plus difficile.

Rachida Dati a su comprendre cela. Peut-être parce qu’elle-même est issue de l’immigration. Et peut-être aussi parce qu’au cours de sa campagne, elle a rencontré de nombreux électeurs dans les quartiers populaires du nord et de l’est de la capitale où se concentre l’immigration à Paris. Ces électeurs se plaignent de deux choses : l’insécurité endémique qui gangrène leurs quartiers et la présence de migrants qui errent au hasard des rues, contribuant à l’insécurité ambiante (on pense à la Porte de la Chapelle). Les défenseurs de l’immigration de masse donnent des leçons de générosité, mais ils ne vivent pas avec les migrants dont ils prônent l’accueil. Ils imposent cette difficile cohabitation aux plus fragiles de nos concitoyens. Enfin, parmi les migrants, il y a aussi des criminels et même des membres de Daech. Sommes-nous sûrs que nous voulons accepter ce genre de personnes chez nous ?

Curieusement, les défenseurs d’une immigration incontrôlée préfèrent accuser Rachida Dati plutôt que de répondre à cette question, illustrant ainsi la maxime de Chamfort : « En France, on laisse en repos ceux qui mettent le feu, et on persécute ceux qui sonnent le tocsin ». 

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Normalien, agrégé de philosophie,spécialiste des questions de géopolitique et d'identité

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