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Regard de femme

Iris Brey contre le cinéma patriarcal


Regard de femme
Iris Brey à Cannes le 10 mai 2018. © NIVIERE/ VILLARD/ SIPA

Avertissement liminaire, à l’intention des crétins et crétines, de plus en plus nombreux dans le ciel français depuis qu’on les met en orbite : ce qui suit est une interview fictive, qui m’a été inspirée par une émission écoutée samedi 22 février sur France-Inter. Natacha Polony y était opposée à Iris Brey, à propos de la sortie du livre de cette dernière, le Regard féminin – une révolution à l’écran (Editions de l’Olivier). Ce que j’ai entendu m’a incité à interviewer — ou à faire semblant d’interviewer — cette dame, dont les positions sur le cinéma sont d’une imbécillité si consternante que je me demande encore comment Polony a fait pour garder un ton de voix uni et poli, face à la Bêtise à front de taureau.

« Vous dites qu’il faut inverser le regard que nous portons sur les images… »

« Oui ! Bien sûr je n’invente rien, tout part d’Aristote et de la mimesis, bien sûr… Ce que je dis n’a absolument aucune originalité… Le spectateur s’identifie à ce qui lui est le plus proche — les petits garçons au prince charmant, et les petites filles à la belle princesse… Un truc d’hommes, ça, la belle princesse ! Quand je suggère de changer le regard en imposant des quotas de films de femmes, quelle que soit la qualité intrinsèque du film, c’est parce que je suis une femme avant d’être une spectatrice ou une critique de cinéma… Par exemple, j’adore les films de Chantal Ackerman, je cite systématiquement Jeanne Dielman, où — il faut bien le reconnaître — Delphine Seyrig nous faisait chier pendant 201 minutes, dans sa belle robe de chambre d’un bleu passé, mais une femme qui filme une femme qui se fait chier, ce n’est pas comme un homme qui filme une femme qui se fait chier — Anna Karina chez Godard, par exemple… L’ennui vu par Godard est drôle, alors qu’il est chiant chez Ackerman, et c’est cela qu’il faut filmer : le chiant.

« Quant au sexe… Les scènes d’amour filmées par les hommes sont des scènes de pénétration : ma bite, ton vagin. Inversez le regard : mon vagin, ta bite… Vous saisissez la différence, n’est-ce pas… Dans un film d’homme, une bite ne reste jamais longtemps à l’air, l’actrice est sommée de la mettre tout de suite dans sa bouche… D’abord elle est sous l’homme, et quand elle se relève, c’est pour le sucer… Une horreur idéologique… Quand deux femmes font l’amour dans un film de femmes, il ne leur vient pas à l’idée de sucer des bites, non ? Alors que deux lesbiennes dans un film d’homme, chez Kechiche par exemple, elles ont quand mêle l’air de sucer des bites… Mais bon, je fais une exception quand même pour Kechiche, il est arabe et au nom de l’intersectionnalité des luttes, on ne peut pas l’accabler…

A lire aussi, Jérôme Leroy: Anna Karina est morte

« Pour un homme, un vagin est un espace à investir. Pour une femme, c’est…

>>> Lire la fin sur Bonnet d’âne, le blog de Jean-Paul Brighelli <<<

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Normalien et agrégé de lettres, Jean-Paul Brighelli a parcouru l'essentiel du paysage éducatif français, du collège à l'université. Il anime le blog "Bonnet d'âne" hébergé par Causeur.

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