Place du Trocadéro hier, ce n’est pas à une hypothétique Fête du Travail que l’on a assisté, mais à une tribune présidentielle aux accents de 2007. Ces accents qui ont plu au peuple, à ce populo qui vote mal et qui pue des idées.
Les avenues et les rues adjacentes étant bloquées par des cordons de CRS, il fallait vraiment en vouloir pour se faufiler, en civil, dans la foule dense dite d’« umpistes » voire de « sarkozystes » quand ce n’est pas plus radicalement de « traîtres », « pétainistes, fascistes et nazis » vendus au grand Capital et détournant le sens social du Vrai Premier Mai.
Certes, contrairement au meeting de la Mutualité quelques semaines auparavant, le look Auteuil-Neuilly-Passy y était majoritaire, mais le peuple en principe choyé par les ténors de la gauche s’y rencontrait aussi, et en l’occurrence sous les traits de Victoire, Inès et Laurent, lycéens diablement enthousiastes venus de Pierreffite-Stains sans signe extérieur de pauvreté et sans ticket de métro.
Laurent vit seul avec sa mère, invalide, et 500 euros par mois dont 350 de loyer. Le père d’Inès aussi est invalide, sa mère est vendeuse. Et ils se sentent abandonnés en leur banlieue où les vitres brisées de leur établissement n’ont été réparées qu’après deux ans, et où la gauche dont ils se défient « ne fait rien à part nous assener ses discours pour obtenir nos voix ». Ces jeunes gens-là, n’en déplaise aux révolutionnaires de salon, ne rêvent pas de gagner des millions. Ils rêvent d’exercer un métier altruiste, de faire de la politique et des lettres. « Nous ne sommes pas des victimes, nous aimons travailler ». Enfants du populo, authentiquement de droite, oui et alors ? Le Premier Mai, c’est le leur aussi.
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