Dans quelques mois, les Américains retourneront aux urnes pour élire leur nouveau président. Donald Trump pourrait être celui-là. Retour sur une personnalité, un parcours et un mandat fort peu ordinaires.
Propos recueillis par Étienne de Floirac.
Quel a été le parcours professionnel et politique de Donald Trump ?
Donald Trump est un chef d’entreprise américain qui a fait fortune dans l’immobilier et la construction de casinos. Ayant grandi à Brooklyn, il est le fils d’un riche entrepreneur dans l’immobilier. Il n’est pas parti de rien, mais a réussi à faire grandir cette fortune. Il s’est fait remarquer en construisant des buildings avec une certaine originalité, ces fameuses tours (les Trump Towers). Dans les années 1990 et 2000, il est devenu une vedette de la téléréalité grâce à une émission intitulée « The Apprentice », l’Apprenti en français, dans laquelle il jouait son propre rôle de chef d’entreprise.
Il est donc connu du grand public depuis un certain nombre d’années ?
C’est une personnalité aux États-Unis, un homme public depuis les années 70. D’abord, limité au marché new-yorkais où il appartenait à une élite sociale et économique, il s’est fait connaître sur l’ensemble du territoire américain, grâce à la télévision. Son émission avait beaucoup de succès auprès de l’Amérique profonde.
Mais Trump est surtout quelqu’un qui était extérieur au monde politique, bien qu’il observait la scène politique. C’est un Américain nourri au lait de l’Amérique, avec une identité profondément américaine, ancrée dans cet espace new-yorkais et avec l’idée que gagner de l’argent est un but légitime. Et que ceux qui en ont plus que les autres ont mieux réussi. C’est un bon vivant, un homme sexué disons, d’une génération qui a peut-être des comportements qu’aujourd’hui les gens ne reconnaissent plus. Il a toujours regardé l’Amérique comme un pays généreux vis-à-vis de ses propres citoyens et du reste du monde.
Pourquoi s’est-il engagé en politique ?
Il a remarqué, dès la fin des années 1970, que l’Amérique culpabilisait quant à sa place dans le monde et qu’elle ne tirait pas les bénéfices que sa puissance économique aurait dû justifier. L’élément déclencheur fut la présidence de Jimmy Carter de 1976 à 1980, qui fut une des pires de l’histoire américaine. Elle survenait juste après le scandale du Watergate, la faillite politique de la présidence avec Richard Nixon et aussi, après la défaite au Vietnam, la première guerre que les États-Unis aient jamais perdue. Le pays traversait un vrai malaise.
Les États-Unis sont sortis vainqueurs de la Seconde Guerre mondiale et comme la seule superpuissance capable de prendre le relais des grandes puissances coloniales qu’étaient la France et l’Angleterre, pour établir un nouvel ordre mondial. Cet ordre consistait à ce que la machine économique américaine tourne à plein régime grâce à de l’énergie bon marché, fournie par l’Arabie Saoudite et l’Iran à l’époque, que ses produits se vendent dans le monde entier auprès d’alliés qui étaient aussi des partenaires commerciaux et, qu’en retour, les États-Unis assurent la défense de ce qu’on appelait alors le monde libre, c’est-à-dire les pays occidentaux, face à la menace soviétique.
C’est donc la perte de puissance des États-Unis qui a poussé Donald Trump à se tourner vers les affaires de l’État ?
Donald Trump a observé que la puissance américaine imposait aux États-Unis des devoirs vis-à-vis de ses alliés, petits ou grands, et vis-à-vis du reste du monde, notamment à travers l’aide au développement. En retour, les pays qui profitaient de cette générosité se montraient souvent ingrats et s’opposaient aux États-Unis au sein des grandes organisations internationales. New York était le siège de l’ONU et à l’ONU, notamment au sein de son Assemblée générale, le nom de l’Amérique était bafoué tous les jours. Trump n’aimait pas cela. Il a donc commencé à se rebeller et a pensé de plus en plus à entrer en politique.
En 2000, il s’est présenté sous la bannière du parti de la réforme, mais cela n’a pas fonctionné. Il est revenu en 2016, après avoir hésité en 2012. 2016 était le bon moment. L’Amérique sortait de huit ans de présidence Obama et beaucoup d’Américains, notamment dans l’Amérique profonde, n’avaient pas du tout apprécié la politique de ce président, trop internationaliste et beaucoup trop à gauche à leurs yeux.
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