Dans Le Sexe polémique, la professeure de cinéma Laura Kipnis ausculte le néoféminisme policier qui mine les universités américaines. Des tribunaux arbitraires y diabolisent le sexe et le mâle sans jamais faire avancer la cause des femmes.
Si les paris sur l’avenir sont des exercices périlleux, il y a de quoi être convaincu par celui que Laura Kipnis fait sur le nôtre. Dès l’incipit de son Sexe polémique, la professeure de cinéma à l’université Northwestern, essayiste et chroniqueuse voit dans les « convulsions » contemporaines de notre « culture sexuelle » une « vague d’hystérie soutenue par les autorités » sur laquelle les générations futures poseront, au mieux, un regard incrédule.
De l’incrédulité, c’est ce que Kipnis avait ressenti en mars 2015 lorsque des étudiants, munis de matelas et d’oreillers, étaient allés déposer une pétition réclamant sa « condamnation officielle et immédiate » au bureau du président de Northwestern. La cause de leur courroux ? Un article que Kipnis, « féministe progressiste convaincue », venait de faire paraître dans le très sérieux Chronicle of Higher Education, où elle s’inquiétait d’un nouveau tour de vis sur les campus prohibant toute relation intime entre professeurs et étudiants. À en croire les pétitionnaires, ce texte était « terrifiant », leur retournait le bide et distillait une atmosphère proprement méphitique que leur administration/mère supérieure se devait de fissa dissiper. Pourquoi parer leurs doléances de matelas
