Le choix de l’artiste, ardente défenseure du BDS[tooltips content= »Boycott, désinvestissement et sanctions est une campagne qui vise au boycott d’Israël »](1)[/tooltips], dont le travail porte essentiellement sur l’identité, l’immigration et la guerre d’Algérie, est contestable.
C’est donc Zineb Sedira, l’artiste franco-algérienne installée à Londres, qui a été choisie pour investir le pavillon français à la prochaine biennale de Venise (mai – novembre 2021).
Comme d’habitude, on ne sait pas qui – et selon quels critères – a fait le choix du locataire du pavillon français de Venise. Mais si le processus est opaque, le résultat, le choix de Zineb Sedira, est tout simplement scandaleux.
Les créations de Zineb Sedira font écho à l’histoire, à la culture et aux conflits qui relient la France et l’Algérie, elles dénoncent le racisme et se veulent un pont entre les cultures intimement brouillées. Sauf quand il s’agit d’Israël!
Il est scandaleux non pas en raison de l’œuvre de la créatrice mais de ses actions politiques : Zineb Sedira est une ardente défenseure du BDS (mouvement de boycott des produits israéliens, dont les produits culturels). En 2017, lors de la Biennale de la Méditerranée à Sakhnine (un village arabe en Israël), elle s’était opposée à l’envoi de ses œuvres, avec deux autres artistes franco-marocaines, Yto Barrada et Bouchra Khalili.
Les créations de Zineb Sedira font écho à l’histoire, à la culture et aux conflits qui relient la France et l’Algérie, elles dénoncent le racisme et se veulent un pont entre les cultures intimement brouillées. Sauf quand il s’agit d’Israël !
Le Président de la République, qui reconnaît haut et fort que « l’antisionisme est une des formes modernes de l’antisémitisme » (pas plus tard que la semaine dernière, pour la dernière fois), ne peut pas laisser la France être représentée par une antisioniste virulente lors de cet évènement prestigieux qu’est la Biennale de Venise.
À l’heure d’un antisémitisme mortifère, le choix d’envoyer Zineb Sedira à Venise est une faute morale, comme l’est le parallèle que fait Emmanuel Macron entre la nécessaire reconnaissance des méfaits de la colonisation en Algérie et les horreurs commises par la France pendant la Shoah, reconnues par Chirac en 1995.
Le choix désastreux et hautement politique de Zineb Sedira va dans ce sens tout aussi dangereux.
Représenter le pavillon de la France devrait normalement consister à en promouvoir son art, sa culture, son patrimoine. Avec Madame Sedira, le gouvernement souhaite donc donner la parole aux créateurs enfants des anciens colonisés, soit, mais pense-t-il vraiment avec ses conseillers qui lui ont proposé la candidature de cette artiste contribuer à calmer la haine des juifs et à lutter contre le communautarisme ?
Pensent-ils vraiment obtenir la paix sociale dans les banlieues en n’offrant, – ici, par l’art -, qu’une seule version de l’histoire de la guerre d’Algérie (rappelons que les archives, coté algérien ne sont toujours pas disponibles) ? Au contraire, ils ne feront qu’exacerber la volonté de dissidence et les appels à la sédition des militants indigénistes les plus farouches, les plus haineux envers la France.
Quoi que l’on pense de son œuvre et de ses choix politiques et idéologiques personnels, Zineb Sedira, l’adepte du boycott d’Israël, ne peut pas et ne doit pas représenter la France à la Biennale de Venise en 2021. Sa désignation est une erreur mais il n’est pas trop tard pour la corriger.
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