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Goldman Sachs veut plus de femmes et de personnes « racisées »

Les magnats de la finance, leaders progressistes de demain


Goldman Sachs veut plus de femmes et de personnes « racisées »
Le patron de Goldman Sachs, David Solomon, a reconnu que sa décision fera sans doute perdre des affaires à sa banque © Mark Lennihan/AP/SIPA Numéro de reportage : AP22381689_000001

Goldman Sachs Group n’accompagnera plus en bourse des sociétés dont le conseil d’administration ne comporte pas au moins une femme et/ou une personne de couleur.


Une autre étape vient d’être franchie vers la dissolution de la méritocratie. Le 23 janvier dernier, le PDG de Goldman Sachs Group, David Solomon, a annoncé que sa célèbre banque n’introduirait plus en bourse des sociétés dont le conseil d’administration (CA) ne serait pas composé d’au moins une femme et/ou d’une personne issue de la diversité ethnoculturelle.

Il suffit maintenant pour les grandes entreprises de se proclamer féministes, multiculturalistes et écologistes pour passer pour de grandes humanistes…

En vigueur dès le 1er juillet prochain en Amérique du Nord et en Europe, la politique ne s’appliquera toutefois pas aux sociétés asiatiques.

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Les progressistes américains se réjouissent évidemment de cette nouvelle. Pour justifier sa décision, David Solomon a expliqué que les sociétés nouvellement cotées en bourse étaient plus performantes lorsque leurs CA comptaient au moins une femme. Une explication à saveur productiviste qui camoufle mal la nouvelle emprise du politiquement correct sur les secteurs les plus compétitifs de la société. Le monde des affaires n’échappe pas à la tentation de devenir l’un des avatars de la gauche postmoderne, à la fois par effet de mode et pour se mettre à l’abri de ce même courant. À l’ère des réseaux sociaux et de la vindicte populaire, le prix à payer pour ne pas se soumettre est probablement jugé trop élevé.

Les louves de Wall Street à l’assaut du progrès

Que des femmes et des membres de minorités puissent être intégrés aux secteurs traditionnellement «WASP» est une excellente chose. Mais que plusieurs de ces personnes doivent en partie leur succès à un nouveau mécanisme d’ingénierie sociale en est une autre. Bienvenue dans le monde par excellence des statistiques et des quotas, celui où plus personne ne saura si votre talent a vraiment fait votre carrière. Le corps fait office de curriculum vitae : votre couleur de peau et votre sexe serait une expérience en soi, voire une réalisation : celle d’un individu hautement discriminé par la société.

Pourtant, la discrimination positive peut avoir les effets contraires que ceux anticipés sur le plan de la valorisation sociale. L’émancipation forcée demeure une béquille, un aveu de faiblesse dont plusieurs femmes et personnes « racisées » n’ont déjà plus besoin pour gravir les échelons. À quoi bon institutionnaliser des pratiques qui au fond diminuent et paternalisent leurs bénéficiaires ? Ces politiques s’apparentent à du favoritisme, alors elles créent de la méfiance et du ressentiment envers les personnes qui en profitent. N’est-ce pas aussi un peu honteux que de devoir son poste à ce genre de mesure ?

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La discrimination positive remplace un régime d’iniquité par un autre : les méchants hommes blancs de l’Amérique profonde se sont tournés vers Donald Trump parce qu’ils étaient convaincus que le système les désavantageait. Ce phénomène n’est pas propre aux États-Unis : qu’elle soit progressiste (positive) ou non (négative), la discrimination reste partout de la discrimination. Au Canada, les femmes n’ont d’ailleurs pas eu besoin de passe-droits pour devenir majoritaires au sein des diplômés de l’université. Le changement n’attend pas toujours des politiques pour prendre racine : les mentalités évoluent souvent plus vite que les mécanismes artificiels qu’elles tendent à produire.

Positive ou négative, la discrimination est… discriminatoire  

À bien y penser, il n’y a toutefois rien d’étonnant à ce que le monde des affaires ait choisi de se convertir à ce progressisme gnangnan. Il suffit maintenant pour les grandes entreprises de se proclamer féministes, multiculturalistes et écologistes pour passer pour de grandes humanistes. Les conditions des travailleurs comptent aujourd’hui beaucoup moins que leurs classements en catégories sexuelles et raciales. « Combien d’employés sous-payés avez-vous ? Plusieurs, mais ils sont encouragés à promouvoir leur identité de genre et de race ! Quelle avancée alors ! »

Le progressisme est devenu un slogan. Pour faire de votre entreprise un modèle de responsabilité sociale, il suffit de placer une femme noire dans son conseil d’administration, d’installer une toilette « non genrée » à son siège social ou de composter les déchets qui y sont produits avec une méthode innovante. Que vos activités appauvrissent ou même détruisent une région du monde n’a plus aucune importance. Vous êtes vert, féministe et multiculturaliste, alors vous êtes du côté du progrès.

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Auteur et journaliste. Rédacteur en chef de Libre Média. Derniers livres parus: Un Québécois à Mexico (L'Harmattan, 2021) et La Face cachée du multiculturalisme (Éd. du Cerf, 2018).

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