Parce qu’elle a affirmé crânement sur Instagram « je déteste la religion, le Coran est une religion de haine (…) votre Dieu je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci au revoir », une adolescente de Villefontaine (Isère) sort de son anonymat et se retrouve menacée. Au point d’être déscolarisée. Les laïques s’inquiètent et craignent que l’affaire puisse réellement mal tourner. Pas que pour elle. Analyse.
Mila a 16 ans. Et sur les réseaux sociaux, l’ado provocante a simplement dit qu’elle détestait les religions, et plus particulièrement l’islam. Pour cela, elle est depuis harcelée et menacée de mort. Cela ne se passe pas au Pakistan, ni en Arabie saoudite, mais en France, aujourd’hui et maintenant. Et personne ne réagit. Ni la classe politique censée défendre un contrat social dont la liberté d’expression est une des bases, ni les groupes LGBT, pour qui manifestement la défense des homosexuels s’arrête aux portes du blasphème, ni les néo-féministes, qui préfèrent défendre le port du voile. Bref, aucun de ces professionnels de l’indignation n’a pris la défense de cette jeune fille alors que ce qui lui arrive est inacceptable.
Cette jeunesse qui affirme #jenesuispasmila
Qui sont ces personnes qui pensent faire la loi sur le sol de France et décider de qui a le droit de vivre ou non ? Qui sont ces milliers d’individus qui menacent et agressent ceux qui ne pensent pas comme eux ? Qui sont ces gens qui chassent en meute et attaquent en horde ? Plus précisément, quel est le profil de ceux qui ont diffusé son adresse et sont tellement virulents qu’elle a dû être déscolarisée parce qu’elle était en danger ? Nous le donnera-t-on, s’ils sont inquiétés ?
A lire aussi: Du droit de blasphémer à la capitulation sans condition
Il faut bien le dire : ceux qui ont réagi en arguant du blasphème de la jeune femme pour réclamer sa mise à mort sont des personnes se réclamant de l’islam, mais pas uniquement des islamistes patentés ou des militants liés aux frères musulmans ou aux salafistes, non. Comme si nous étions dans un mauvais rêve, c’est toute une jeunesse qui nous révèle tristement à quel point les représentations et la vision politique des extrémistes sont en train d’imprégner en profondeur une partie pas si minoritaire – il faut le craindre – de personnes d’origine arabo-musulmane. L’islamisme progresse : il devient dominant et prescripteur chez les musulmans. Puisqu’elle n’est pas combattue, son emprise ne peut qu’augmenter.
Je pense qu’elle se rend pas compte de ce qu’elle dit et de l’ampleur que ça peut prendre pic.twitter.com/K5kruoi7FQ
— مالاك🇲🇦 (@malak_288_) January 18, 2020
Les pouvoirs publics silencieux
La réaction des pouvoirs publics le prouve. Le silence n’est pas qu’un effet de la gêne ressentie face à de difficiles réalités devant lesquelles on serait désarmé. Non: c’est une façon de refuser d’agir face à l’effroi. Ce qui arrive à Mila contrarie non seulement les représentations de notre gouvernement, mais son idéologie et ses projets.
Ce silence fait penser à celui de l’affaire des viols collectifs de Telford ou de Rotherham. Dans ces affaires de pédophilie et de prostitution commises par des gangs pakistanais en Grande-Bretagne, dont les victimes étaient des filles blanches entre 12 et 15 ans, la dimension religieuse était très forte, les violeurs allant chercher leurs justifications dans le Coran et n’étant point avares de récitations de sourates quand ils violentaient les enfants. Longtemps, il y a eu un refus d’agir. Parce que la figure du pakistanais musulman était une figure de victime, la police et les services sociaux anglais ne faisaient rien. Les agresseurs n’avaient pas le bon profil, ils n’étaient pas des hommes blancs riches et puissants. Par crainte d’être accusé de racisme, des dizaines de très jeunes femmes ont été humiliées, droguées et abusées pendant des années. De telles révélations auraient fait les affaires de l’extrême-droite, pensait-on. Même après avoir été dévoilé, le scandale n’a que très peu été relayé dans la presse.
Ne pas céder à la panique ou occulter un réel trop difficile?
Derrière le silence, il y a cette volonté d’occulter le réel. On essaie de temporiser. On ne veut pas reconnaître qu’en France, aujourd’hui, user de la liberté d’expression est devenu impossible si cela concerne l’islam. Cela vous met tout simplement en danger. La censure n’est plus étatique, comme elle le fut naguère. Ce pouvoir de faire taire est aujourd’hui terroriste et communautariste. Il prospère sur l’abandon. Non seulement le gouvernement baisse les yeux devant ces menaces, mais il renonce aussi à défendre des citoyens intégrés, pour protéger les fous furieux qui utilisent la foi pour attaquer et détruire notre société.
A lire aussi: Frédéric Fromet: humour de fonctionnaires
Et il y a même pire. Les frères musulmans, mouvement islamiste fascisant et violent, naguère proche des nazis, est sur le point de devenir le représentant des musulmans de France par le truchement de l’Association musulmane pour un islam de France (AMIF). L’AMIF, qui doit faire émerger pour Emmanuel Macron un islam de France, est déjà largement entre les mains de la confrérie. L’idée d’islam de France vient d’eux. Ils n’ont jamais caché leurs intentions, pour qui prend la peine de se renseigner. En proposant de financer l’islam par une taxe sur le hallal, le président de la République instaurerait ce qu’il dit vouloir combattre : le communautarisme et le séparatisme. En effet, le hallal permet d’éviter de partager un repas, de faire table commune. Il empêche la première des socialisations, le premier lien, l’échange de nourriture. Alors, on ne partage plus ni la table ni le lit, parce que les purs ne se mélangent pas aux impurs.
Pas d’amalgame?
Éviter la stigmatisation des musulmans est l’excuse traditionnelle invoquée pour justifier l’abandon des victimes de cette violence, qui définit de plus en plus l’expression de l’islam chez nous. Le problème, c’est qu’aujourd’hui on laisse des personnes menacer et harceler par milliers des gens qui ne font qu’user de leur liberté d’expression, et que l’on refuse de traiter l’islam comme la France traita naguère l’Église : par un acte de souveraineté en imposant la loi devant la foi.
En refusant de regarder en face un phénomène ou une idéologie incompatible avec nos modes de vie, nos mœurs, notre culture et nos lois, la peur règne et la censure gagne l’espace public. Le rejet ne pourra que grandir et finira par toucher aussi les personnes arabo-musulmanes qui se battent pour la démocratie, la laïcité, l’égalité, la liberté et qui sont en train de perdre la bataille en Europe, parce que les islamistes trouvent des alliés au plus haut niveau.
Le « pas d’amalgame » est une escroquerie qui sacrifie les musulmans aux islamistes, en prétendant faire l’inverse. On a le sentiment que le « pas d’amalgame » a moins pour effet de protéger les personnes d’origine arabo-musulmane, qu’il ne permet de rendre intouchable les islamistes. Si le nécessaire n’est pas fait par les pouvoirs publics pour faire taire ceux qui menacent Mila sur internet, si des mesures fortes ne sont pas prises contre les islamistes qui rêvent de s’en prendre à elle dans le monde réel, son histoire montrera que l’ordre ne règne plus en France. Si aujourd’hui la jeune adolescente essuie une telle violence, ce n’est pas par hasard : les islamistes sont puissants et prescripteurs. Le blasphème serait-il donc officieusement de retour en France ?
Le parquet lance deux enquêtes distinctes…
Nous apprenons que le procureur de la République de Vienne (38) a ouvert deux enquêtes distinctes dans ce dossier. L’une pour identifier les auteurs des menaces et une autre au sujet de la mineure pour «provocation à la haine raciale»!
Causeur ne vit que par ses lecteurs, c’est la seule garantie de son indépendance.
Pour nous soutenir, achetez Causeur en kiosque ou abonnez-vous !