Au lendemain des attentats, tout le monde était Charlie. Cinq ans plus tard, le séparatisme islamiste progresse au même rythme que le déni. Si l’État marque des points sur le plan sécuritaire, la société est en train de perdre le combat culturel contre l’islamisation. Faute de l’avoir mené.
Dans les rues de nos villes, il y avait des bougies et des fleurs, des visages graves et de la colère silencieuse. Aucun de nous n’a oublié cette soirée du 7 janvier 2015. Rien ne sera plus comme avant, pensait-on, rien ne doit plus être comme avant. Cinq ans ont passé et bien sûr, tout est presque comme avant. Voire pire. Le 7 janvier, nous étions en position de combat sécuritaire, idéologique et même spirituel. Nous avons vite oublié les belles promesses que nous nous étions faites.
Le 11 janvier, tout le monde était Charlie. Et flic. Et juif. S’agissant des flics et des juifs, on sait ce qu’il en est advenu. La haine de la police est un lieu commun, voire un devoir civique. Et il semble que les objurgations gouvernementales n’aient pas plus fait régresser l’antisémitisme que les sommations du petit bonhomme de Sempé (« Couché ! ») ne font reculer l’océan.
Cinq ans après, la France est démobilisée (…). Emmanuel Macron est très fort pour les grands discours, notamment devant des cercueils. Dans ces occasions solennelles, il ne mégote pas sur l’emphase et le lyrisme et on se prend à croire qu’il a compris la gravité de la situation. Et puis il ne se passe rien.
Quant à l’esprit Charlie, il n’est plus qu’une ritournelle que l’on entonne pour les commémorations. Alors que vous lisez ces lignes, il est probable que, conformément au pronostic de Mathieu Bock-Côté, ce cinquième anniversaire est l’occasion des proclamations et sermons d’usage, avec en prime l’emphase adaptée aux chiffres ronds. Nous ne céderons pas. Les valeurs de la République. Tu parles Charles. On ne marche plus.
Tous juraient qu’ils mourraient pour la liberté d’expression
La France a été Charlie entre le 7 et le 15 janvier 2015. C’était déjà largement une illusion. C’est l’émotion qui constituait le ciment de l’union nationale proclamée. Or, l’émotion flatte notre désir de fusion et d’effusion, surtout face au danger, mais elle n’est pas une politique. Dans Une minute quarante-neuf secondes, paru à l’automne dernier, Riss livre un souvenir plus acide du climat de l’époque : « Terrorisme, fanatisme religieux, intolérance primitive. Nos tourments personnels auraient dû avoir l’élégance de s’effacer derrière la nécessité impérieuse de lutter pour des valeurs communes. Mais l’obscénité de notre époque, l’égocentrisme infantile érigé en valeur moderne d’épanouissement ont libéré des flots de narcissisme victimaire aussi déplacé que morbide. Seules la charité et la compassion ont été autorisées. Il ne fallait pas se révolter, ne pas désigner de responsables, ni tendre le doigt en direction des lâches et des coupables. Et encore moins dénoncer le prosélytisme des croyances archaïques, de concepts réactionnaires, afin de ne pas heurter ceux qui les pratiquent et veulent les propager pour se sentir moins seuls. »
Politiques, journalistes,
