Dans ce syndicat étudiant, des femmes ont dénoncé des viols et des agressions sexuelles, à l’époque où Caroline De Haas était la secrétaire générale. Causeur revient sur ces affaires.
Début 2018, Le Monde et Libération retrouvent des femmes qui dénoncent des viols et des agressions sexuelles commis par des membres de l’UNEF, à l’époque ou Caroline De Haas en était secrétaire générale (2006-2009). Réponse, plutôt maladroite, de celle-ci : « Il y a dix ans, j’étais une femme, une victime de violences, qui n’était pas formée pour détecter les violences dans mon entourage. » Faut-il vraiment une formation pour détecter des agressions caractérisées ?
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La réalité est que Caroline De Haas, en tant que secrétaire générale, avait très peu d’autorité sur les cadres et les adhérents.
Far-west syndical
Le syndicat n’a jamais été fortement structuré. Le noyau dur des militants actifs, à l’époque, comptait 2 000 étudiants, dispersés dans des dizaines de facultés, libres de quitter l’organisation à tout moment. Beaucoup l’ont d’ailleurs fait. À l’UNEF, le turnover était élevé, car l’ambiance était dure, dans plusieurs registres. Les élections au conseil national de l’enseignement supérieur, de l’éducation et de la recherche (CNESER), par exemple, donnaient quasi systématiquement lieu à des fraudes massives, voire à des bagarres (un siège au CNESER rapporte plus de 100 000 euros de subventions).
Des agressions sexuelles n’ont rien d’impossible dans ce far west syndical, mais il semble difficile de les inscrire au passif d’une direction sans grand pouvoir. C’est vrai pour Caroline De Haas tout comme pour Jean-Baptiste Prévost. Président de l’UNEF de 2007 à 2011, il a été accusé par Libération et Le Monde, sans la moindre preuve, d’avoir organisé un quasi-droit de cuissage des jeunes adhérentes au profit des cadres masculins. Mais de quel moyen de pression aurait-il disposé ? « Il n’avait pas besoin d’être violent, il avait son statut de président », dit un témoin, citée par Libération. Une accusation non seulement anonyme, mais tellement évanescente qu’elle en devient impossible à démonter. À 36 ans, Jean-Baptiste Prévost n’en a pas moins vu sa carrière brisée, quand Caroline De Haas poursuit tranquillement la sienne. Il poursuit Libération en diffamation.
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