Le général iranien tué par un drone américain servait de bras armé au régime des mollahs. Il avait des milliers de morts sur sa conscience. Rien de plus normal que celui qui a sorti le glaive périsse par le glaive.
Dans l’Évangile selon saint Matthieu, on peut lire les paroles suivantes du Christ : « qui sortira le glaive périra par le glaive ». Qassem Souleimani n’était pas homme à lire ce genre de bondieuseries : il n’apportait aucun crédit aux paroles d’un crucifié. De son prophète, homme de guerre lui-même, il avait appris qu’il faut sortir le glaive – le sabre en l’occurrence – pour exterminer les infidèles. Mais il n’avait pas pensé que les infidèles étaient, eux-aussi, capables de tenir un glaive…
Pas mieux que Ben Laden
Sa mort suscite des commentaires accablants de niaiserie. Des journaux français parlent « d’assassinat » ce qui revient à dire que Trump est un assassin. A l’extrême gauche (au PCF notamment), on est horrifié et on condamne « l’impérialisme américain ». Macron exprime son « inquiétude ». Dans ce festival de niaiseries, la palme revient à Joe Biden, l’adversaire démocrate de Trump. Il est scandalisé que le président américain n’ait pas consulté le Congrès avant de prendre sa décision. Le Congrès compte plusieurs centaines de membres : autant téléphoner directement à Téhéran…
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Le général Souleimani faisait la guerre. Comme avant lui Ben Laden et Al-Baghdadi, également tués par les Américains. Il ne valait pas mieux qu’eux. Il faisait la guerre au Yémen par rebelles houthis interposés. Il faisait la guerre à l’Arabie saoudite : les roquettes qui ont détruit des citernes de l’Aramco portent sa marque.
Mille morts en Iran
Il faisait la guerre aux insurgés syriens en envoyant ses soldats d’élite soutenir Bachar Al-Assad. Il faisait la guerre à Israël en armant le Hezbollah. Il faisait la guerre aux Américains en fomentant des attentats contre eux. Il faisait la guerre, hélas de façon efficace, à son propre peuple.
Ce sont ses hommes, les pasdarans, qui noyèrent dans le sang les récentes manifestations anti-gouvernementales en Iran. C’est ce qu’Alain Rodier, dans un étrange article paru dans Atlantico, appelle « siffler la fin de la récréation ». Selon toutes les estimations, la répression menée par Qassem Soleimani a fait environ 1 000 morts ! On a connu des « récréations » moins meurtrières. Oui, le général iranien faisait la guerre. Et il arrive qu’on meurt à la guerre.
Glaive américain
Il faut noter que les dirigeants iraniens annoncent, sans surprise, qu’ils vont « venger » Souleimani. En attendant, ils doivent se poser de graves questions sur leur propre vulnérabilité. Comment la CIA a-t-elle su quel jour et à quelle heure l’avion du général iranien allait atterrir à Bagdad ? Et comment a-t-elle fait pour pister à la seconde près son convoi à la sortie de l’aéroport ? Le glaive américain a un tranchant bien aiguisé.
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