A force d’avoir le regard systématiquement tourné vers le changement climatique, Pedro Sanchez et Antonio Gutteres oublient qu’il existe d’autres menaces bien plus urgentes.
« Seule une poignée de fanatiques nient encore l’évidence d’un changement climatique »
Ah comme il est beau Pedro Sanchez, le premier ministre espagnol ! Beau et digne tel un acteur de telenovela mexicaine à la peau mate et au visage régulier. Il faudrait remercier le peuple espagnol de s’être donné un chef de gouvernement aussi magnifique. Un homme parfait qui présente bien et qui pense bien. Et il l’a prouvé lundi dernier en tirant la sonnette d’alarme climatique avec l’élégance du grand seigneur et la noble indignation du chevalier. Avec Sanchez, même l’inquiétude a le parfum doux de l’espoir. Ça change de Greta.
Le Cid progressiste
« L’Espagne est prête, nous allons honorer la parole donnée…sans laisser personne sur le bord de la route ! »
L’Espagne a son Cid ! Et il veut croiser le fer avec le péril du moment : l’urgence climatique !
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La tragédie du Cid progressiste réside dans sa myopie. Son corps ressent la température qui monte mais ses yeux ne voient pas l’autre péril, l’autre danger mortel qui menace d’emporter la Vieille Espagne. Une civilisation entière frappe à la porte, l’Islam veut en découdre, il réclame un duel mais le prince, dont la vision est confinée aux murailles de l’alcazar, ne se rend compte de rien. Pedro Sanchez écoute des voix qui lui soufflent l’évidence du cataclysme climatique mais il n’aperçoit pas le tsunami humain qui est sur le point d’emporter son mode de vie, sa langue et ses habitudes.
C’est toujours pareil avec les progressistes. Ils s’alarment à la moindre anomalie dans la calotte glacière et demeurent impassibles face aux ravages de l’immigration illégale. Ils s’indignent pour un rien concernant le climat et font preuve de calme et de retenue au milieu de la tempête qui souffle sur les sociétés européennes. Ils admettent volontiers le rapport de cause à effet entre le CO2 et le réchauffement mais refusent d’établir toute causalité entre Islam et islamisme, immigration et délinquance. Ils répètent à l’envie que tous les évènements météorologiques font partie d’un grand ensemble nommé dérèglement climatique et répugnent à tracer un trait d’union entre les « loups isolés ».
Plus ils analysent les photographies aériennes de la banquise, moins ils observent la naissance de véritables maquis au cœur des métropoles européennes, des petits bouts d’Orient et de Sahel à quelques encablures de La Moncloa et de Matignon.
Pendant ce temps-là, du côté des frontières …
A force de scruter l’horizon à la recherche d’une tache suspecte sur la couche d’ozone, nos maîtres progressistes n’aperçoivent pas la marque de prière sur le front des « migrants ». Ils croient voir des individus isolés alors que c’est toute une civilisation qui traverse la mer.
Lors de la même séance inaugurale de la COP 25, Antonio Gutteres, le Secrétaire Général des Nations Unies, un Portugais, a prévenu lui contre « une trahison de toute notre famille humaine et de toutes les générations à venir ». On a envie de lui crier : « mais la trahison a déjà eu lieu Monsieur le Secrétaire Général ! L’Europe a été trahie par ses élites ! Elle a été ‘suicidée’ par ceux qui auraient dû prendre soin d’elle ! Et la perte de la civilisation européenne est une catastrophe pour l’ensemble de l’Humanité qui est privée d’un pôle de dynamisme qui a su marier le bonheur de l’individu à la grandeur de la collectivité ! »
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Si j’avais Guterres et Sanchez à portée de main, je leur dirais qu’ils ont ma sympathie d’office, parce qu’ils sont ibériques. Et un Ibérique et un Arabe comme moi ont tellement en commun: une querelle de famille qui s’est très mal terminée en 1492 et dont l’enseignement principal est qu’on ne badine pas avec les civilisations, on ne les mélange pas impunément. Ce sont des vieilles dames qui n’aiment pas être sorties de leur élément, si on les brusque, elles risquent de se venger de la manière la plus cruelle qui soit. Aux apôtres de la migration, je conseille de lire et relire Braudel qui, il y a soixante ans déjà, mettait en garde contre la colère des civilisations.
Dommage que le GIEC ne s’occupe pas d’immigration et d’islamisme, autrement on aurait fait d’une pierre deux coups : protéger les paysages naturels tout en préservant les paysages humains. Il manque un C à GIEC : celui de Civilisation. Il aurait fallu se préoccuper du Climat et de la Civilisation en même temps.
Il est urgent que nous autres, gens de droite ou simples amoureux de l’Europe, trouvions une Greta ou un Sanchez pour parler en notre nom. Une enfant nordique ou un grand seigneur espagnol. Argumenter ne sert plus à rien, je le crains, le temps est venu d’émouvoir. Si vous avez des candidats en vue, écrivez-moi sur Twitter (@drissghali1).
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