L’écrivain polonais Andrzej Bart fait de Moderchaï Chaïm Rumkowski, président du Conseil juif (ou Conseil des anciens, Judenrat) du ghetto de Lodz, le héros de La fabrique de papier tue-mouches. Ce livre grandiose et terrifiant raconte l’histoire vraie de ce juif qui négocia avec les nazis.
« Je ferai du ghetto un bijou… », aurait-il dit à Edward Reicher, médecin juif qui l’a côtoyé pendant la guerre et a survécu à la Shoah. Dans Eichmann à Jérusalem, Hannah Arendt le cite sous le nom de Chaïm Ier, pour étayer sa thèse sur le rôle néfaste des Judenräte dans l’extermination des juifs planifiée par les nazis. Reste que Mordechaï Chaïm Rumkowski, président du « Conseil des Anciens » du ghetto de Lodz, n’a pas été le seul représentant juif à collaborer avec l’occupant. Pourquoi, après des décennies, reste-t-il le plus controversé ? Probablement le plus haï aussi, à se fier aux témoignages des rescapés, tout comme aux rumeurs selon lesquelles il aurait été jeté vivant dans un four crématoire à Auschwitz par ses propres coreligionnaires, qui l’auraient obtenu des SS. C’est même ce récit, entendu dans l’enfance par l’écrivain polonais multiprimé Andrzej Bart, originaire de Lodz, qui l’a poussé à écrire La Fabrique de papier tue-mouches. Un livre grandiose et terrifiant, à la fois chronique rigoureusement documentée et songe romanesque, qui nous fait assister au jugement imaginaire de Rumkowski.
On aurait préféré l’oublier
Il fallait une bonne dose de ce qu’on appelle en
