Stendhal ou Victor Hugo? Dans son nouvel essai Du génie français, Régis Debray oppose l’égotisme stendhalien au vent épique hugolien qui soufflait autrefois sur la France. Une lecture jubilatoire à l’heure de l’économisme et du communautarisme triomphants. Bérénice Levet livre son analyse dans Causeur.
C’est un signe des temps et, pour Régis Debray, ce n’est pas un très bon signe qu’un président de la République choisisse, pour son portrait officiel, de poser escorté d’une « Pléiade » Stendhal. Fort d’indices confondants, Debray constate qu’au fil du temps, Stendhal a supplanté Victor Hugo dans le rôle de l’écrivain national. Que dit de nous, de ce que nous sommes devenus ce changement d’incarnation ?
Stendhal et Hugo croisent la plume
Le point de départ du livre est fictif, mais le propos n’a rien de fantaisiste. L’éminente Société des gens de lettres aurait été saisie par la présidence de la République afin de désigner l’écrivain le mieux à même d’incarner la France, l’âme de la France, le « génie français ». Embarras de richesses : les prétendants à cette auguste fonction, et c’est une singularité nationale, se pressent en foule. Deux figures toutefois émergent, Stendhal et Hugo, le premier tour de l’élection donne l’avantage à Beyle. Consciente de sa responsabilité, car c’est au travers de l’écrivain qu’une nation se choisit, dit qui elle est et qui elle veut être, la SGDL consulte Régis Debray. On attendait le sagace penseur de la distinction entre république et démocratie [tooltips content= »
