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Les maras, maîtres de l’Amérique centrale ?

Vous avez dit zone de non-droit ?


Les maras, maîtres de l’Amérique centrale ?
Membres de la mara Salvatrucha assistant à une messe depuis la prison de Ciudad Barrios, El Salvador, le 26 mars 2012. Numéro de reportage : AP21197495_000001 Auteurs : Luis Romero/AP/SIPA

Méconnus en France, les maras sont pourtant les gangs les plus prolifiques d’Amérique centrale. Disposants de plusieurs milliers de membres et responsables de crimes en tous genres, mettre un terme à leurs agissements demeure le plus grand défi auquel sont confrontés les chefs d’État de la région.


Considérés comme des gangs centraméricains, les maras ont pourtant vu le jour du côté de la Californie dans un contexte bien particulier. Durant les années 1970, les effets de la guerre froide se font ressentir dans la partie nord de l’Amérique centrale : le Salvador, le Honduras et le Guatemala sont alors gouvernés par des juntes militaires qui plongent leurs nations respectives dans la guerre civile sous prétexte de lutter contre des factions marxistes (FMLN [tooltips content=’Front Farabundo Martí de libération nationale, El Salvador’](1)[/tooltips], URNG [tooltips content=’Unité révolutionnaire nationale guatémaltèque, Guatemala’](2)[/tooltips] & FSLN [tooltips content=’Front sandiniste de libération nationale, Nicaragua’](3)[/tooltips]), provoquant ainsi l’exil d’une part importante de la population tant le conflit s’avère meurtrier. Parmi eux, bon nombre de jeunes salvadoriens espèrent, à tort, trouver leur salut aux États-Unis.

Guerre froide et dommages collatéraux

À leur arrivée les conditions de vie s’avérèrent précaires : marginalisés, menacés, résidant illégalement sur le territoire américain et disposant de peu de ressources, une partie de la communauté décide alors de se regrouper entre amis, entre maras [tooltips content=’Ce terme signifiait alors « groupe d’amis » à l’époque, mais d’autres pensent que le nom de mara viendrait de marabunta, des fourmis particulièrement agressives également appelées fourmis légionnaires.’](4)[/tooltips], afin de se protéger de la violence des autres diasporas, mais aussi afin de développer des activités illégales. Plusieurs groupes se constituent à l’époque, certains ont disparu, d’autres ont prospéré jusqu’à devenir les maras que nous connaissons à l’heure actuelle, à savoir la mara Salvatrucha (ou M13), résolument salvadorienne, et la mara Barrio 18 (salvadorienne à l’origine, elle est désormais beaucoup plus éclectique). Paradoxalement, le fait de partager des origines et des codes communs n’a pas suffi à les unir sur le long terme comme en témoigne la guerre fratricide à laquelle ils se livrent depuis plusieurs décennies.

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Quelques années plus tard, la tension est retombée en Amérique centrale, un accord de paix a été signé à Chapultepec (Mexique) en 1992 et les émigrés ayant fui la guerre ont alors pu rentrer chez eux, important avec eux la criminalité développée aux États-Unis.

Depuis, les mareros ont largement prospéré sur leurs terres natales [tooltips content=’Il n’y a pas de chiffres officiels, mais ils seraient approximativement 15-20 000 au Guatemala, 60 000 au Salvador et 10-12 000 au Honduras.’](5)[/tooltips], de nombreuses villes ou quartiers sont devenus des zones de non-droit où ils règnent sans partage. Particulièrement violents, ils sont responsables de milliers d’homicides chaque année dont les victimes sont aussi bien d’autres mareros que des civils pour des motifs variables, tels qu’avoir tenté de résister ou tout simplement, car il fallait faire une victime, pour l’exemple.

À l’instar de n’importe quelle mafia ou groupe terroriste, les maras ne connaissent pas de frontières, car s’ils se sont cantonnés au triangle nord de l’Amérique centrale (Salvador, Honduras, Nicaragua) et aux États-Unis à leurs débuts, ils ont rapidement étendu leur influence sur d’autres régions du globe, telles que…

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