Intrusion au ministère de l’Enseignement supérieur, conférence de François Hollande annulée à Lille… Cela chauffe pour Frédérique Vidal! Alors qu’un ancien président ne peut même plus présenter son livre aux étudiants, la ministre semble bien timorée face à des agissements insupportables qui se multiplient.
Hier soir, des étudiants ont manifesté leur colère en détruisant la grille d’entrée du ministère de l’enseignement supérieur à Paris et en envahissant la conférence que devait tenir François Hollande dans une faculté de droit à Lille. Ce matin, RTL l’annonçait à peu près sur ce ton, attribuant ladite colère à la tentative de suicide par immolation d’un étudiant à Lyon. Gabrielle Périer a bien décrit dans ces colonnes où se situent les responsabilités dans ce drame.
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Non, il n’est nul besoin d’une telle tragédie pour que les militants du syndicat étudiant « Solidaires » se comportent ainsi. Car c’est encore leur banderole qu’on a vu dans l’amphithéâtre lillois, alors qu’un ancien président de la République devait être exfiltré. Et c’est déjà « Solidaires » qui cosignait le communiqué de menaces à la présidente de l’université bordelaise, lui intimant d’annuler la conférence de Sylviane Agacinski le mois dernier. A la Sorbonne, professeurs et étudiants se sont donné la main pour obtenir l’annulation (le report, tentait de rassurer le président de l’Université) d’un séminaire de formation sur la prévention de la radicalisation, animé par Mohamed Sifaoui.
Fascistes en herbe
Le sectarisme n’a donc pas attendu l’immolation de ce jeune étudiant de Lyon 2 pour atteindre des sommets dans certaines universités françaises. Et il faut voir la tête satisfaite des deux jeunes idiotes, déchirant le livre de François Hollande, pour se rendre compte de la haine qui anime ces groupes ultra-minoritaires. On pratique désormais l’autodafé dans l’université en toute bonne conscience, sans que les pouvoirs publics puissent s’y opposer.
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Mais en ont-ils seulement la volonté ? Il fallait entendre la réponse mièvre de Frédérique Vidal à un député lorsque ce dernier l’interrogeait sur la scandaleuse annulation de la conférence de Sylviane Agacinski. Il fallait l’entendre apporter son soutien à la présidente de l’université, qui avait eu « la bonne attitude » en « évitant le trouble à l’ordre public » et promettant que Sylviane Agacinski serait reprogrammée. Face à de telles atteintes à la liberté d’expression et à l’ordre public, on était en droit d’attendre une autre attitude. Car, enfin, ceux qui ont menacé à Bordeaux, n’avait-on pas leurs noms et leurs adresses ? N’avaient-ils pas signé eux-mêmes leur communiqué ? Une plainte a-t-elle été déposée ? Des sanctions ont-t-elles été prises contre les étudiants auteurs de telles menaces ? Rien du tout ! Ces petits fascistes en herbe ont imposé leur ordre. Il a été respecté. Respecté jusque dans l’hémicycle par la ministre elle-même.
Tyrannie des minorités
L’attitude de la ministre et du gouvernement en entier – on l’a connu plus vigoureux quand il s’agissait de certains leaders des Gilets jaunes – lors de l’annulation de la conférence de Sylviane Agacinski a donné un signal aux nervis qui ont envahi l’amphithéâtre lillois. Hier, on menaçait de troubles si une conférence était maintenue. Aujourd’hui, on empêche Hollande de tenir conférence et on déchire symboliquement un livre. Et demain ? Commettra-t-on directement des attentats contre ceux qui tiennent un discours différent du sien ?
Ce gouvernement n’est d’ailleurs pas seul en cause. Les médias, qui dans l’ensemble rivalisent de mièvrerie face à des actes attentatoires aux plus élémentaires libertés publiques, ont leur part de responsabilité. Ils sont plus « vigilants » quand un élu questionne – certes maladroitement – une présidente de région sur la présence d’une personne vêtue d’un hijab dans l’enceinte d’une collectivité locale. Les professeurs d’université ne montrent pas l’exemple non plus. Sur Cnews, l’universitaire Benjamin Morel témoignait de la manière dont sont ostracisés par leurs collègues, ceux qui osent ne pas utiliser le sabir « inclusif » dans les mails internes de la plupart des facs.
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Le modèle, c’est la fac américaine, le règne du politiquement correct, lui-même défini par une minorité. Celui-ci s’impose et gare à celui qui s’y opposera. Et la liberté dans tout ça ? Et le pluralisme ? Et la Connaissance ? Et la République ? Que des délires petits bourgeois !
Le président de la République intervient sur tant de sujets du niveau d’un secrétaire d’Etat. On attend toujours son fameux grand discours sur la laïcité et sur la question cruciale posée par le développement de l’islamisme. On l’attend désormais aussi sur la tyrannie de certaines minorités dans le débat public.
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