Ces dix dernières années, le professeur de philosophie André Perrin a tenu un journal irrégulier, au gré de ses coups de griffes. Aux indignés de la gauche morale, l’essayiste réplique par une érudition mordante.
Il est peu probable que le lecteur perçoive d’emblée la distance ironique qu’André Perrin dit avoir mise entre sa position de philosophe irrité par la sottise, l’inculture et la mauvaise foi, et le titre donné à son livre, Journal d’un indigné, dont le sous-titre « Magnitude 7 sur l’échelle de Hessel », semble alourdir encore la dette à l’endroit du plus célèbre des indignés. L’édition a sans doute ses mystères que le lecteur ne connaît pas, et chacun a bien sûr le droit de s’indigner à sa manière. Celle d’André Perrin est très souvent drôle, parfois savante et toujours soucieuse d’exactitude lorsqu’il s’agit de corriger une affirmation approximative ou mensongère : que les déclarations du pape Benoît XVI sur les bienfaits de la fidélité, par exemple, aient aggravé la propagation du virus du sida en Afrique. Journalistes, animateurs et hommes politiques voient ainsi leurs propos hâtifs ou partisans démontés avec une précision d’horloger, le spectre allant du plus grave au plus loufoque : faire reconnaître l’asexualité comme « orientation sexuelle » ayant elle aussi ses fiertés
