Le Président est menacé par une mesure d’ “impeachment” de ses adversaires, suite à un appel avec le Président ukrainien Volodymyr Zelensky. Si Trump compte capitaliser sur l’acharnement de ses adversaires et sur ses foucades russes ou ukrainiennes pour attirer la sympathie des électeurs et s’en sortir, l’Europe ne devrait vraiment pas se réjouir trop vite d’une victoire de ses adversaires.
A entendre la majorité des médias occidentaux, Trump serait un fou, toujours imprévisible, irrationnel, un fauteur de guerre, dont les foucades vont nous mener on ne sait où. Ces gens espèrent qu’il ne sera pas réélu, et qu’une fois la parenthèse Trump fermée, les choses reviendront à la normale.
Cette position est celle de la quasi-totalité des médias américains, de tous les démocrates et même d’une partie des républicains et de l’administration. Par un effet mimétique bien connu allant du fort au faible, elle s’est largement diffusée en Europe occidentale. Dans un pays comme la France, il est pratiquement impossible de dire du bien de Donald Trump dans aucun journal significatif, même ceux que l’on qualifie de droite.
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Il est pourtant permis de se demander si les adversaires de Trump ne sont pas en définitive, plus dangereux que lui et si nous n’avons pas plus à craindre en tant qu’Européens d’eux que de l’actuel locataire de la Maison blanche. Ceci pour trois raisons.
Absence de l’habituel fair play américain et déni de démocratie
D’abord parce que l’opposition anti-Trump telle qu’elle s’exprime aux Etats-Unis constitue une rupture sans précédent avec les usages démocratiques. Longtemps tenu pour une démocratie exemplaire, ce pays voyait après chaque élection les perdants accepter avec fair play l’élection du vainqueur et jouer loyalement le jeu dans un esprit patriotique. Depuis l’élection de Trump, ses adversaires refusent obstinément de le considérer comme un président légitime. Une partie de l’administration, notamment dans les services de sécurité refuse de lui obéir. Ses adversaires et ce que Trump appelle “l’Etat profond” ont entrepris des manœuvres judiciaires retorses en vue d’obtenir son impeachment. Cela sous des prétextes frivoles: il aurait été élu grâce à l’ingérence de Poutine qui lui aurait transmis des courriels compromettants de son adversaire Hillary Clinton montrant sa corruption… Et depuis quelques semaines, une nouvelle affaire lui pend au nez : il aurait téléphoné au président d’un pays ami, l’Ukraine, pour en savoir plus sur les agissements d’un jeune affairiste qui se trouve être le fils de Joe Biden, possible candidat démocrate à la présidentielle. Manœuvre maladroite si l’on veut, mais qui n’a rien de scabreux. Les accusateurs de Trump feraient bien dans les deux cas de regarder le fond de l’affaire : si les messages de Clinton étaient si compromettants, c’est qu’elle était bien compromise ! Et il semble bien que le fils du sénateur soit effectivement corrompu.
Hystérie
Les anti-Trump sont également dangereux par leur hystérie effrénée qui se traduit par l’injure permanente, la dérision narquoise, le parti pris systématique, le refus de comprendre la logique interne pourtant assez évidente de sa politique.
Cette hystérie atteint des sommets inégalés.
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Elle exclut en particulier tout débat ou tout dialogue sur les options effectives du président notamment en matière de politique étrangère.
Une vision idéologique du monde
Et il y a en troisième lieu ces options elles-mêmes. Comment peut-on reprocher au président de vouloir établir un dialogue avec Poutine ? Comment ne pas voir qu’il a terminé ou quasi-terminé deux guerres : celle d’Irak et celle de Syrie, alors que son prédécesseur, pourtant prix Nobel de la paix en avait commencé quatre (Libye, Syrie, Ukraine, Yémen) et terminé aucune ! Trump a audacieusement commencé des pourparlers avec la Corée du Nord et les Talibans : on ne sait où ils vont conduire mais au moins a-t-il fait bouger les lignes et cela dans le sens de la paix. Ses rodomontades à l’égard de l’Iran lui donnent l’image d’un dur, indispensable dans la politique américaine, mais elles n’ont jusqu’ici conduit à aucune action militaire véritable. Le protectionnisme qu’il a instauré a relancé l’économie américaine et considérablement amélioré l’emploi ; ses opposants y voient la transgression d’un dogme indiscuté, celui du libre-échange ; pourtant des économistes nombreux – comme Keynes ou Samuelson – ont émis des doutes sur l’efficacité d’un libre-échange universel. Il y a au moins matière à débat plutôt qu’à invectives .Que la Chine soit contrainte de faire preuve d’un peu de fair play dans le commerce mondial, qui va vraiment s’en plaindre ?
L’Europe a-t-elle tant à gagner à soutenir les opposants de Trump?
S’il y a une région du monde où l’on devrait se réjouir de cette politique, c’est bien l’Europe occidentale. Si elle avait été élue, Hilary Clinton voulait durcir encore la politique contre la Russie ; parmi son entourage certains tenaient un conflit majeur avec celle-ci pour inévitable, l’Europe occidentale devant en être le champ de bataille…
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Quel soulagement de savoir que depuis 2017, le nouveau président américain veut au contraire s’entendre avec Poutine et le fait en coulisse malgré l’adversité ! L’Europe est en outre la principale victime du dumping chinois.
Les adversaires clintoniens de Trump s’accrochent à une doxa qui comprend le libre-échange, l’attrition des nations, l’ouverture des frontières, le triomphe de l’esprit libertaire, le politiquement correct à tous les étages, le droit de faire régner ces principes sur la terre entière, y compris par la force. En renversant la table, Donald Trump, Boris Johnson ou Vladimir Poutine disqualifient cette vision du monde. D’où la haine invraisemblable que leur portent ses tenants. C’est le mécanisme démoniaque de l’idéologie.
Si Trump n’est pas réélu, ses adversaires démocrates mettront à nouveau en danger la paix en Europe et au Proche-Orient, voire ailleurs. Les Européens devraient y regarder à deux fois avant de souhaiter son échec.
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