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FDJ: une privatisation rapido


FDJ: une privatisation rapido
© JOEL SAGET / AFP

La privatisation de la Française des jeux ne va pas traîner. « Chaque jour est une chance », dit la réclame. Pas pour les Français qui vont céder au privé le numéro quatre mondial du secteur.


Si la privatisation d’Aéroports de Paris alimente les plus vifs débats, c’est celle de la Française des jeux (FDJ) qui interviendra en premier. Il n’y a pas de hasard : Stéphane Pallez, l’actuelle énarque patronne de la société, a déjà mené les privatisations d’Air France, de Thomson ou du Gan. Bruno Le Maire a confirmé début septembre à la radio que l’opération est prévue « sans doute d’ici la fin du mois de novembre ».

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La dernière publicité de la FDJ vaut le déplacement : quarante-cinq secondes d’autopromotion destinées à nous vanter le caractère vertueux de la « marque ». Le spot revient sur les origines de la Française des jeux en montrant deux gueules cassées de la Grande Guerre qui discutent. « Alors, ce serait quoi ton idée ? » demande l’un. « Comme une grande loterie », répond l’autre. « Oui, au départ, FDJ, c’est pour aider les gueules cassées », abonde un troisième larron, bobo marchant dans la même rue en 2019. Le poilu du passé s’enthousiasme : « Plus il y aura des joueurs, plus il y aura d’argent pour les anciens combattants. » Réponse des bobos : « Et aussi pour la restauration du patrimoine, le sport, les commerces de proximité. […] Et ça fait quatre-vingt-cinq ans que ça dure ! » S’affichent enfin le logo et la conclusion du spot : « FDJ. Depuis 1933, nos jeux bénéficient à tous. » Ne manque que le sémillant Stéphane Bern.

Mon hebdo-de-gauche Télérama a aussi vu la pub. Un de ses chroniqueurs s’indigne : « Désormais, les jeux vont surtout bénéficier aux actionnaires ! » Bien vu, mais fallait pas voter Macron. FDJ se porte à merveille et fait entrer des milliards dans les caisses de l’État chaque année. La part de ce dernier dans le capital devrait passer de 72 à 20 %. Il faut bien réduire la dette, se justifiera-t-on du côté de Bercy. Mais en confiant une si juteuse industrie au privé, pourra-ton toujours la mobiliser pour à l’avenir venir en aide à quelque cause (comme la Fondation du patrimoine ces derniers temps) ? Et pourra-t-on toujours mettre un terme à un jeu comme le trop addictif Rapido, lequel avait été arrêté, car il plumait des malheureux dans nos bistros, quand bien même il a représenté jusqu’à 25 % de toutes les sommes misées ? « Chaque jour est une chance », dit la réclame. Pas pour les Français qui vont céder au privé le numéro quatre mondial du secteur.

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Octobre 2019 - Causeur #72

Article extrait du Magazine Causeur




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Rédacteur en chef du site Causeur.fr

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