Incident à Saint-Denis en marge de la fête de la ville le 5 octobre. Un couple de salafistes s’en prend à une association laïque. Si elle entend aider la France à combattre l’hydre islamiste – comme nous y invite le président Macron – la mairie de Saint-Denis serait bien inspirée de mettre un peu d’ordre dans ses services municipaux. Récit.
Célèbre pour sa nécropole royale, la ville de Saint-Denis est aussi l’archétype de la ville autrefois ouvrière dont les ouvriers ont été remplacés au cours des dernières décennies par une immigration qui ne s’intègre pas. Quiconque s’y aventure est frappé par la profusion de commerces communautaires. La vue des rues et de l’accoutrement de nombre de passants qui les arpentent est l’illustration éclatante de cette assimilation manquée et de ce communautarisme dans lequel l’islamisme peut prospérer.
Scandale à la fête des associations
Le 5 octobre dernier, place Jean Jaurès, c’est la fête ! Pendant quelques heures, on peut oublier ses ennuis. Sur le stand de son association “Observatoire de la laïcité de Saint Denis”, Fewzi Benhabib – un franco-algérien installé à Saint-Denis depuis 20 ans – appelle à la libération du blogueur saoudien Raif Badawi via une banderole et explique à l’aide de son matériel que la laïcité n’est pas là uniquement pour embêter les musulmans mais bien pour permettre à tous de vivre ensemble. Peu avant la fin de la manifestation, alors que les stands à proximité ferment, le militant raconte avoir vu débarquer un couple à la recherche du scandale. Monsieur a la tenue complète du salafiste, qamis blanc jusqu’aux chevilles. De son côté, Madame est en voile intégral noir recouvrant toute la tête (y compris les yeux). Causeur ayant vu les photos en question, nous confirmons la nature intégrale dudit voile. L’association ne souhaite pas les diffuser pour l’instant.
Monsieur Benhabib, qui a fui l’Algérie s’indigne : Saint-Denis c’est encore la République française, non ? La loi de 2010 interdisant le voile intégral n’est-elle pas censée s’y appliquer comme partout ailleurs ? Il raconte s’être risqué à prendre une photo du couple qui lui donne du souci.
Bien mal lui en a pris. Les provocateurs exigent que le militant supprime le cliché, le ton monte. N’attendant qu’un refus, le couple s’énerve et voilà que la femme vole soudainement l’appareil des mains du militant laïque. Heureusement, le militant n’est pas seul. Il parvient à reprendre possession de son appareil, grâce à l’aide de ses trois compagnons venus à son secours.
Les équipes municipales se rangent du côté des islamistes
Le couple revient à la charge accompagné de deux hommes. On peut lire sur leur dos “Garde espace public”. Toutefois, leurs casques portent l’inscription « police municipale »…
C’est la sidération ! Dans la chicane, voilà que notre couple salafiste aurait réussi à mettre de son côté les deux agents de la ville de Saint-Denis ! À défaut de verbaliser la femme portant un voile intégral, vont-ils demander aux associatifs leur version de l’altercation ? Non. Ils vont estimer plus judicieux d’accuser le photographe indélicat d’avoir brutalisé le couple et demanderont à leur tour la suppression des images. Pendant que les remontrances et menaces de poursuites sont adressées par les deux agents aux militants, la femme voilée décide de filmer Monsieur Benhabib.
Photo contre vidéo
Le monde à l’envers ! L’association a écrit au maire de Saint-Denis, responsable de la sécurisation des stands. Aidée par l’avocat Richard Malka, elle espère à présent une enquête et des sanctions.
Contactée par Causeur, la mairie assure que les deux agents chargés de la sécurité sur les stands ne sont pas des policiers municipaux, et qu’ils ne seraient intervenus qu’avec la volonté de pacifier une situation tendue et alcoolisée. Ces médiateurs, officiellement baptisés « gardes de l’espace public » (nous sommes en territoire communiste, les mots « police » ou « sécurité » ont peut-être mauvaise presse), se seraient donc contentés de séparer des gens incapables de se mettre d’accord.
Le maire recevra bientôt l’Observatoire de la laïcité de Saint-Denis pour entendre ses remontrances. Au passage, la mairie précise à Causeur que le maire ne souhaite pas prendre parti dans la querelle. Souhaitant clore la polémique, la ville de Saint-Denis rappelle qu’elle est très attachée à ce que chacun puisse défendre ses idées. Même les salafistes qui viennent gâcher la fête ?
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