Tribune. Plutôt que d’ergoter autour d’obscurs plans de détection de la “radicalisation”, le pays a besoin que le gouvernement propose un plan d’ensemble cohérent de lutte contre les stratégies de l’islamisme.
Nous parlerons ici d’islamisme. Et non de la « radicalisation » dont politiques et médias nous parlent sitôt qu’un nouvel attentat vient ensanglanter la France. Le terme de « radicalisation » ne permet pas de désigner l’ennemi.
« Se radicaliser », c’est défendre par des moyens violents ses opinions dans l’espace public. Cela peut donc s’appliquer à n’importe quelle opinion indépendamment de sa teneur: il y a des vegans radicaux, des néoféministes radicales, des actions syndicales radicales, des gilets jaunes radicaux, etc. Par ce mot, toute question relative aux spécificités d’une stratégie politique est écartée. Il suffit de traiter les individus « radicalisés » comme des gens tombés soudainement malades et l’on peut évacuer toute analyse politique.
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Or, pour faire face aux ennemis de la république, de la laïcité et des valeurs démocratiques que sont les salafistes, les Frères musulmans et les djihadistes, — qui poursuivent tous trois le même objectif —, le gouvernement propose de « détecter » les « signes » de cette mystérieuse « radicalisation ».
Après le précédent gouvernement qui a fait accroire que le processus était réversible et qu’on allait « déradicaliser » à tour de bras dans les quartiers perdus de la République… l’actuel prétend s’attaquer à la « radicalisation » en renforçant la « détection ». À l’école, dans les services publics, dans les transports, et maintenant jusque dans la Préfecture de police de Paris (!), on entend ainsi nous protéger des assassinats ciblés ou aveugles que les islamistes perpétuent depuis cinq ans sur notre territoire. La bêtise de nos gouvernants serait comique, si elle n’avait les conséquences tragiques que l’on sait. Après plus de vingt ans de refus d’écouter les mises en garde des plus éminents connaisseurs du terrain, depuis le rapport Obin et Les territoires perdus de la république, comment un tel aveuglement peut-il perdurer ? Les services de renseignement eux-mêmes viennent de subir une défaite magistrale. La tragédie de jeudi dernier peut-elle provoquer un sursaut politique ?
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Reposons à Monsieur Castaner la judicieuse question qu’un sénateur a formulée il y a à peine trois mois :
« Services publics face à la radicalisation 11373. − 11 juillet 2019. − M. Michel Canevet attire l’attention de M. le ministre de l’intérieur sur le caractère extrêmement protéiforme des stratégies de l’islam politique dans notre pays. Comme le montre en effet le rapport d’information sur les services publics face à la radicalisation no 2082 (AN- 15ème législ) du 27 juin 2019, l’infiltration progressive des services publics, en particulier à l’université, vient aujourd’hui s’ajouter à la défense de l’inégalité des hommes et des femmes, au refus de se conformer aux règles communes, aux provocations victimaires au nom d’un particularisme communautaire, aux attaques contre le droit au blasphème ou contre le principe de laïcité, au séparatisme dans les quartiers, à la propagande numérique et au recrutement des jeunes, à l’embrigadement dès le plus jeune âge dans la religion, etc. Toutes ces stratégies de conquête idéologique, qu’elles soient conduites par les salafistes ou plus dangereusement encore par les Frères musulmans, visent un même objectif à long terme: la réalisation d’un califat mondial purifié de tous les « apostats» et « mécréants». Ce rapport d’information sur les services publics face à la radicalisation formule dans ses conclusions trente-cinq propositions pour répondre au cas par cas à cette lente pénétration de l’islamisme dans nos institutions, nos mœurs et nos consciences. Au-delà de ces propositions certes louables, une politique de détection et de prévention ne saurait être efficace sans un plan d’ensemble cohérent de lutte contre ces stratégies. Or, ce rapport, parlant de ces infiltrations comme d’« un phénomène marginal», minimise la réalité de l’emprise islamiste. Depuis les années 1990, les islamistes mènent en fait quasiment sans entrave et avec des succès notables leur offensive. Il lui demande donc quelle politique publique il envisage d’élaborer pour faire face à cette offensive et ses nouvelles stratégies. »
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