Les élections présidentielles en cours et la mort concomitante de l’ex-Président Ben Ali mettent en lumière, en ce moment, la Tunisie. De tous les articles parus récemment sur ce thème, dont beaucoup sont purement descriptifs et restent à la surface des choses, l’un des meilleurs est, sans conteste, celui d’Hakim El Karoui du 16/09 pour L’Opinion, car il met bien en exergue les faiblesses du régime tunisien et les dangers auxquels il va être confronté, et aussi certaines des causes ayant conduit à la situation actuelle.
Difficultés institutionnelles et économiques
Pour ce qui est des faiblesses et des dangers, El Karoui montre qu’ils sont de deux ordres : institutionnels d’abord, économiques ensuite, les seconds découlant des premiers.
Concernant les institutions, il rappelle que « la loi électorale comme la Constitution ont été élaborées pour empêcher l’apparition d’une majorité claire » : un système type IVe République, régime d’assemblée donc plus que régime parlementaire (où le rôle du Parlement n’est pas de diriger ou même de gouverner, mais d’équilibrer et limiter les pouvoirs d’un exécutif fort). L’une des conséquences de ce choix, dit encore El Karoui, c’est le « brouillage total de tous clivages politiques » et le fait que l’élection « n’a permis de structurer aucun débat de nature politique ».
Connaissant très bien la Tunisie par mon épouse (apparentée à l’ancien Président Caïd Essebsi), je visite ce pays depuis près de 40 ans, et je me souviens, entre autres choses, des discussions interminables de la Constituante, comme si le temps, l’économie et les urgences avaient comme par magie disparu.
Il résulte de ce laxisme politique, rappelle El Karoui, une situation économique catastrophique : la dette de l’État a augmenté chaque année de 20% depuis 2011, le budget de l’État a été multiplié par 2, le PIB par tête a baissé entre 10 et 15%. El Karoui conclut en disant que, coincée qu’elle est entre d’un côté le besoin de soutenir la consommation pour répondre aux attentes sociales, et de l’autre celui de rembourser la dette, « l’heure de vérité approche pour la Tunisie », avec à la clef la nécessité d’un « programme d’ajustement structurel massif », en d’autres termes, un régime au pain sec et à l’eau pour longtemps pour les Tunisiens.
Si Béji Caïd Essebsi, qui était un avocat de formation, mais un diplomate de cœur et d’esprit, avait su conserver une certaine marge de manœuvre dans ce système compliqué et peu verticalisé, il n’en restait pas moins vrai que, selon l’expression d’un ami tunisien, la Tunisie restait jusqu’ici « un funambule sur un fil, qui n’est pas encore tombé ». Béji avait été capable, par deux fois (à la tête du gouvernement provisoire, puis à la tête de l’État), de « sauver les meubles », mais pas, son âge en étant sans doute aussi une cause, de dessiner un avenir pour le pays, ni d’y entraîner les siens.
Un pays aux nombreuses contradictions
Aujourd’hui, l’illusion et le funambule tombent, et le pays se retrouve devant…
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