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Chirac, le dernier diplomate gaulliste

... qui refusa la guerre d'Irak (2003)


Chirac, le dernier diplomate gaulliste
Jacques Chirac en 2006 © Luiz Rampelotto/NEWSCOM/SIPA Numéro de reportage: SIPAUSA30021539_000004

Une pluie d’hommages tombe sur le corps de Jacques Chirac. Et beaucoup retiennent à juste titre un style très français: de la classe, de la bonne humeur et du caractère. Mais aussi un certain sens de l’équilibre géopolitique.


Secrétaire d’État du général de Gaulle, ministre de Pompidou, premier ministre de Giscard et Mitterrand et deux fois élus président, Chirac était de l’ancienne France, de l’ancien monde.

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Sauf exception, Jacques Chirac ne s’exprimait pas en anglais à l’étranger. Il ne se promenait pas en t-shirt à New-York, il ne tombait pas la veste, il ne se prenait pas le pied dans le tapis. Il ne lui serait pas venu à l’idée de parler le globish sur le territoire national. La seule fois qu’on l’a vu s’exprimer publiquement en anglais fut à Jérusalem face à la police. Une tirade à la OSS 117 devenu culte: « Do you want me go back to my plane? (…) This is not a method, this is provocation! ». Au Moyen-Orient arabe, Jacques Chirac est resté une idole à l’égal de Zidane.

Bilan national bien médiocre

Au fond, Chirac n’avait pas de convictions. Son bilan intérieur est médiocre. Les années Chirac sont aussi les années chômage, les années de l’immigration de masse, la fin des Trente glorieuses. Mais Jacques Chirac avait une grande qualité : il connaissait le monde plus que tout autre. Il connaissait les blessures de l’Afrique et du Moyen-Orient. Il comprenait cette région et cette culture. Il était l’ami de Rafiq Hariri, proche de Yasser Arafat, familier avec Hassan II, Hafez Al-Assad, Saddam Hussein, Hussein de Jordanie et presque tous les chefs d’Etat, sauf peut-être George Bush junior.

Comme on le sait, il était passionné par l’Asie et en particulier le Japon. Il connaissait aussi l’Amérique où il avait étudié. Vladimir Poutine a été marqué par le souvenir de Jacques Chirac. Cultivé sans être pédant ce qui est plutôt rare et appréciable, Philippe de Villiers racontait que lorsque Mitterrand lui avait demandé quelle date de l’histoire avait le plus d’importance selon lui, Chirac lui avait répondu, un verre de bière à la main: 1664, Kronenbourg ! Il avait du culot et de l’humour, deux bonnes raisons de pardonner à Chirac bien des erreurs, la trahison de Maastricht étant la plus grave. Son refus de débattre avec Jean-Marie Le Pen en 2002, permettant de mettre la poussière migratoire sous le tapis, en est une autre.

Un certain sens de la civilisation

Jacques Chirac avait été officier de cavalerie, formé à Saumur, et s’était porté volontaire pour commander un peloton en Algérie. Avec sa haute taille et son allure, il n’avait pas de mal à se faire obéir. Chirac était un chef, un patron que les militaires ont toujours apprécié. « Je commande, il exécute ! » Son turbulent ministre de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy, devait passer par Bernadette pour apaiser ses colères.

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La plupart des Français se souviennent aussi d’une chose de Chirac: le refus de suivre les États-Unis dans la guerre d’Irak en 2003. Et le refus de suivre systématiquement le grand-frère américain. C’est probablement la seule chose qui restera de lui dans l’histoire de France. Il n’a pas pu empêcher ce désastre mais les Français lui sont reconnaissants d’avoir vu juste. Chirac avait le sens de l’histoire et des civilisations. Mais la France était trop petite pour lui. Il s’en est désintéressé mais nous manque déjà.

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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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