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Cueillez dès aujourd’hui les fleurs de la diversité!

L'étranger, notre sauveur


Cueillez dès aujourd’hui les fleurs de la diversité!
Benoit Hamon mange un kebab à Béziers et s'en félicite auprès de ses abonnés Twitter, en 2017 Image: capture d'écran Twitter

En prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste. Ce n’est pas Causeur, mais le Président Macron qui le dit.


France molle, France rance, France de beaufs. Notre pays requiert un regain de vitalité, n’est-ce pas ? Puisqu’il serait délicat d’affirmer au bon peuple qu’on accueille le Tiers Monde pour tirer les salaires vers le bas – pour le plus grand bonheur des grands patrons – mieux vaut invoquer l’humanisme. « En prétendant être humaniste, on est parfois trop laxiste », a osé Emmanuel Macron. Cette petite phrase peut lui risquer un aller simple dans les flammes de la fachosphère.

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Salade, tomates, oignons ?

Dans l’imaginaire romantique, la figure de l’étranger intrigue, fait peur parfois, fascine souvent. En mai 1867, Gustave Flaubert s’enorgueillissait, dans une lettre à George Sand, de s’être « pâmé devant un campement de Bohémiens à Rouen », et de s’être « fait très mal voir de la foule en lui donnant quelques sols ». Près de deux siècles après, la gauche libérale en quête de voix ne s’y est pas trompée. Comme Flaubert, qui était « toujours pour les minorités » et qui souhaitait « condamner aux galères » les « sanglants imbéciles » de la Commune (lettre d’octobre 1871), notre gauche libérale se sent de tout cœur avec la figure de l’étranger et méprise la France périphérique, voire l’agriculteur, potentiellement racistes. Dans une perversion de l’orientalisme initié par les « Femmes d’Alger » d’Eugène Delacroix, le doux parfum de l’exotisme vient contrarier les indigestes relents des heures les plus sombres.

Désormais, grâce au triomphe de la globalisation, nul besoin  de s’aventurer en arides contrées pour s’imprégner de saveurs orientales. Au XIXème, Delacroix et Flaubert s’adonnaient à l’exotisme en Afrique du Nord. Aujourd’hui, un petit tour au kebab suffit, pour Benoît Hamon ou autres apôtres du multiculturalisme, à se sentir plus humanistes. Qu’il est bon de se sentir en symbiose avec les Damnés de la Terre! Peu importe qu’on s’intéresse à leurs cultures, d’ailleurs. Et peu importe que l’on sache situer les riches contrées d’Afrique sur une carte. Dans notre société pétrie de culpabilisation chrétienne, l’essentiel est de faire vœu de pénitence.

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Le doux parfum du misérabilisme

Échappatoire de la monotonie française tout en restant dans sa zone de confort, la figure de l’étranger incarne deux grandes sources de progrès : coloration et diversité. De préférence pauvre et opprimé, il sert de rédemption à deux grands péchés : être né blanc dans un pays riche. Si par malheur l’étranger (nationalisé français) vote à droite, ça déstabilise. Si en plus il a le toupet de militer pour LR, là ça hérisse franchement. Une flopée de noms d’oiseaux et des menaces de mort à l’encontre de Lydia Guirous, porte-parole de LR tout en étant d’origine maghrébine, nous a valu un silence radio de la part des humanistes. Pour cocher les bonnes cases du gauchisme, l’étranger doit être doublement victime. Victime du néocolonialisme dans son pays d’origine, victime de la société qui l’a accueilli ici. L’étranger noir ou arabe qui a réussi, qui peut s’acheter une montre Cartier à 5 000 euros sur les Champs-Elysées n’intéresse pas les humanistes. Il est rentré dans l’infréquentable caste de la bourgeoisie. Ce faisant, il a perdu tout le charme du doux parfum du misérabilisme. Alors une militante LR…

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Laver la France de ses péchés

Comme un « bon sauvage », l’étranger doit rester pur, et pour cela, il ne doit pas aimer l’argent. Peu importe que certains immigrés, travaillant dur sur nos chantiers, gagnent parfois plus qu’un petit fonctionnaire. Peu importe que certains mettent suffisamment de côté pour se refaire au pays.

L’étranger doit nous sauver de notre égoïsme et de notre cupidité. Il va sauver les villages de France à l’abandon, et ceux qui en doutent encore ne sont que des bidochons ! L’Autre est bon par essence. Si cette sanctification se trouve remuée, par le regard que notre étranger pourrait porter sur la femme par exemple, la faute incombe au colonialisme qui l’a aliéné. Il faut lui laisser le temps de s’adapter aux valeurs de notre société, le pauvre. Car l’étranger, il est un peu comme un grand enfant. Il n’est pas encore bien mûr mais ça viendra avec le temps. Pour épurer la France de tous ses péchés, ça vaut bien le coup d’attendre une cinquantaine d’années, vous ne croyez pas ? Cueillez dès à présent les fleurs de la diversité!

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Enseignant, auteur du roman "Grossophobie" (Éditions Ovadia, 2022).

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