Tour de France: la presse a encensé Pinot… et ignoré Alaphilippe


Tour de France: la presse a encensé Pinot… et ignoré Alaphilippe
Julian Alaphilippe et Thibaut Pinot, juillet 2019. Auteurs : Fernand Fourcade/SIPA. Numéro de reportage : 00917080_000022

Lors du dernier Tour de France, Thibaut Pinot a été largement instrumentalisé par des médias et des politiques en quête de champion tricolore. On ne peut pas en dire autant de Julian Alaphilippe, maillot jaune durant une grande partie de la compétition… 


Commençons par une mise au point : quoi qu’en dise le brillant David Desgouilles, je n’ai jamais vraiment soutenu que Thibaut Pinot était « l’Elu de la Macronie » (Causeur en a un peu rajouté sur les sous-titres…). Je me suis contenté de rappeler que les médias et les politiques ne se gênent jamais pour instrumentaliser les sportifs chaque fois qu’ils le peuvent. Or, je crois que Pinot l’a été et l’est encore. J’avais d’ailleurs écrit une phrase dans mon texte qui disait que médias et politiques « méprisaient les coureurs parce qu’ils ne les laissaient pas exprimer librement leur courage et leur talent ». Comme mon texte était un peu long, cette phrase a disparu.

Pinot monté en épingle

Mais qui dira que ce n’est pas possible, et qui dira que ces « parrains » n’élaborent jamais des scénarios pour obtenir un objectif politique ou bien pour vendre du papier ? Il faudrait être naïfs pour le nier. Dans le cas présent, on sait très bien que Macron a un immense besoin de « faire populaire » pour modifier son image de « président des riches ». Et s’il a raté le coup avec le foot pour cause de Benalla, ça ne l’empêchera pas de recommencer, certainement, chaque fois qu’il le pourra. C’est ça, la politique. Pour ce qui est de la presse, quoi de plus normal que de « monter en épingle » un jeune talent, de le cajoler et de le mettre en scène, après tant d’années de disette ? Que la presse et les politiques construisent des scénarios de ce type ne me semble donc absolument pas improbable, et ce n’est pas faire preuve d’une imagination de romancier que de le croire. Si les uns et les autres n’étaient pas des champions de la manipulation, ça se saurait. C’est même chez eux une seconde nature. Que l’on se rappelle, par exemple, comment Mitterrand, un maître en la matière, avait su manipuler, en son temps, des vedettes du show-business comme Trenet ou Balavoine. Dira-t-on que c’était insultant pour ces grands artistes, ou bien que Mitterrand était diaboliquement malin ? Ce qui était vrai à l’époque l’est encore aujourd’hui, ô combien, et pour toutes les stars de tous les systèmes, sportifs compris, ou bien je ne comprends vraiment rien à la politique….

Alaphilippe occulté

Si la « lose » est quelque part, c’est bien dans ces méthodes, qui font déjà gagner les jeunes avant l’heure (n’est-ce pas, Gasquet ?) et ne laissent pas, trop souvent, « respirer les talents ». On fait de l’un un vainqueur alors qu’il est encore derrière, on en condamne un autre alors qu’il est encore devant. La valeur intrinsèque est une chose, la réalité du classement aurait dû aussi être prise en compte, pas vrai ? Pourquoi, alors, une telle différence de traitement ? Je ne suis pas le seul à l’avoir pensé. De nombreuses personnes m’avaient fait remarquer à quel point Alaphilippe semblait maltraité par la presse par rapport à sa performance exceptionnelle. C’est même ce qui m’a donné l’idée de faire ce papier. Une seule preuve : dans L’Equipe du 30 Juillet, Pinot (qui a tout de même abandonné, rappelons-le) fait la couverture, et 3 pages. Le vainqueur colombien fait 3 pages et demi. Normal. Ah, j’oubliais : une demi-page sur Alexandre Pasteur et 2 pages sur Rik Van Looy. Cherchez Alaphilippe.  Pas une seule ligne. Qui dira encore que la presse cherche à dire la vérité, et pas qu’on nous raconte une belle histoire, dont Pinot est le héros déjà choisi ? Allons donc !

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