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Animalisme: ils veulent interdire la viande et le cirque

La ferme sans animaux


Animalisme: ils veulent interdire la viande et le cirque
Salon de l'agriculture, Paris, 24 février 2018. Photo : Gerard Julien / AFP

Les militants animalistes rêvent d’éradiquer l’élevage des animaux. Cette grave erreur nous ferait tourner le dos à dix mille ans d’Histoire au profit de la viande in vitro et du lait issu de levures OGM.


 

La mise en place d’une agriculture sans élevage, bien davantage adossée au développement de l’agriculture cellulaire dont rêvent les milliardaires et les fonds d’investissement qu’à l’adoption par nos concitoyens d’une alimentation vegan, est soutenue par des écologistes et par des « amis » des animaux. Cela au nom de la défense de la planète face à l’urgence climatique pour les uns et de la défense des animaux pour les autres. Défendre la planète et défendre les animaux, la revendication est simple et ne nécessite pas un argumentaire complexe. Ce qui pourrait expliquer, si l’on doutait de la force de l’esprit critique chez nos concitoyens, qu’en France les Verts aient obtenu un si bon score aux élections européennes, tout comme dans une beaucoup moindre mesure, le Parti animaliste.

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Pourtant, mettre en place une agriculture sans élevage, c’est en tout premier lieu exclure les animaux de ferme du travail. Donc contribuer à les faire disparaître. Car nos relations avec les animaux domestiques sont fondamentalement construites par le travail – tout comme les rapports sociaux entre êtres humains – et les sortir du travail, c’est inévitablement les sortir de nos vies.

Quel cirque!

La commission «  Condition animale  » des Verts [tooltips content= »animal.eelv.fr »](1)[/tooltips]demande aux élus d’EELV : de soutenir prioritairement les agriculteurs non éleveurs ; de mettre en place une alternative végétarienne dans les cantines ; d’interdire les cirques avec animaux ; d’encourager les interventions des associations de défense des animaux dans les lycées. Cette commission affiche ainsi clairement sa volonté d’en finir avec l’élevage et les animaux de ferme, et plus largement avec tout rapport de travail entre l’homme et l’animal qui, selon une idée biaisée, renverrait nécessairement à des rapports de domination et d’exploitation. L’idéologie abolitionniste se construit en effet à partir des théories des droits des animaux et de l’antispécisme de façon parfaitement hors-sol. La majorité des théoriciens et des militants de cette mouvance n’ont qu’une connaissance partielle de l’élevage, voire pas de connaissance du tout. Pour eux, l’élevage, c’est l’industrie des productions animales et le cirque, c’est ce qu’en disent ses détracteurs. De leur point de vue, en fait, l’élevage n’existe pas. Le travail avec les animaux dans le spectacle n’est supposé reposer que sur la contrainte. Ces opinions sont bâties et sans cesse renforcées par la propagande des associations de « défense » des animaux, dont l’objectif premier, détruire l’élevage, est servi par des moyens financiers et médiatiques puissants. Détruire l’élevage, détruire nos liens aux animaux de ferme, en attendant de détruire tous nos liens de domestication avec les animaux. Pour le bénéfice de qui ?

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Si l’objectif de ce grand massacre de nos relations aux animaux domestiques, après le grand massacre industriel, est réellement la protection de l’environnement ou celle des animaux, il y a une erreur de cible manifeste. La dégradation du climat et la destruction de notre biotope ne sont pas le fait des vaches ou des cochons. Ce n’est pas leur existence même avec nous, reconduite depuis dix mille ans, qui pose un problème, c’est la façon dont nous produisons et dont nous travaillons ensemble dans ce monde industriel et capitaliste. Dans ce monde-là, les animaux sont des choses et les humains qui travaillent avec eux également. Dans ce monde-là, les animaux sont maltraités et les humains tout pareillement. L’exploitation industrielle des animaux est une immense violence contre les animaux, mais aussi plus largement contre la vie. Elle va de pair avec la destruction de notre milieu, des sols, des forêts, de l’air que nous respirons, cela du fait, partout dans le monde, de la primauté de l’argent sur toute autre considération. Ce ne sont pas les vaches qui sont responsables de l’effet de serre, c’est nous et nous seuls.

En finir avec la brutalité

En réalité, et c’est ce qu’ignorent un grand nombre de théoriciens et de militants, travailler avec les animaux renvoie sur le fond à tout autre chose qu’à l’exploitation des animaux. La violence contre les animaux est certes majoritaire dans l’organisation du travail. Elle est majoritaire, parce que les rapports de force sont en sa faveur, mais elle n’est pas le fondement de nos liens. Des milliers d’éleveurs de par le monde travaillent dignement avec leurs animaux et là où les humains sont respectés, il y a de fortes chances que les animaux le soient aussi. Ce qui est un enjeu aujourd’hui n’est pas de sortir les animaux du travail et de rompre avec dix mille ans de domestication qui ont façonné nos esprits, nos territoires et notre alimentation, mais de changer le travail. Travailler avec les animaux est un art de la relation. Qu’il s’agisse de travailler avec des vaches ou avec des animaux dans un cirque. Travailler, c’est ce que les animaux domestiques font avec nous. Et ce qu’ils veulent, c’est travailler dans un monde de sens. Lorsque le Parti animaliste présente un chien sur son affiche électorale, ou lorsque les Verts réclament la fin de l’élevage, ils se trompent lourdement de combat. Car les chiens tout comme les vaches sont des animaux domestiques. Et la critique abolitionniste vise l’abolition non pas seulement de l’élevage, mais de la domestication elle-même, au motif que la domestication serait une manœuvre d’appropriation des animaux, le crime originel de l’humanité. Il n’y a donc aucune raison logique de maintenir nos liens domestiques avec les chiens et de les rompre avec les vaches.

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Avec qui vivrons-nous lorsque les Gafam porteurs du projet d’agriculture cellulaire et les « défenseurs » des animaux auront gagné, que l’élevage sera réduit à la portion congrue, qu’il sera illégal de vivre avec un chien, un chat ou un cheval ? Que mangerons-nous ? Quel milieu habiterons-nous ? Les réponses sont déjà données par les concepteurs du « monde meilleur » qui nous advient. Nous mangerons de la viande in vitro et du lait issu de levures OGM, nous vivrons avec des robots et nous habiterons un monde de mégapoles dispersées dans un milieu ensauvagé. La domestication est l’inverse de la prédation, c’est l’inverse de la sauvagerie, c’est une entreprise de pacification. Le capitalisme a réduit nos relations aux animaux et à la nature à une activité d’extraction brutale. C’est ce avec quoi il faut rompre. Non pas quitter les animaux, mais au contraire les retenir et changer le travail avec eux, changer nos façons de produire. C’est pourquoi, soutenir l’élevage paysan, à la maison comme à la cantine, est un choix politique puissant pour changer la vie des animaux, construire un environnement soutenable et contribuer à sortir de la violence sociale.

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Article extrait du Magazine Causeur




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