Nicolas Sarkozy ne veut surtout pas que l’on considère son dernier bouquin comme les mémoires d’un homme d’État à la retraite. Pourtant…
« Ecrire des mémoires n’était pas mon but », explique Nicolas Sarkozy, page 10 du livre qui est sorti ce jeudi en librairie. Quel plus bel hommage à René Magritte et son « Ceci n’est pas une pipe » !
Evidemment que ce sont des mémoires ! Des mémoires effectivement organisés de manière thématique et pas chronologique… mais des mémoires quand même.
Les mémoires, ça fait retraité…
Quand on raconte sa vie, quand on raconte ses relations personnelles avec ceux dont on a été proche, son grand-père, Jacques Chirac, Edouard Balladur, on écrit des mémoires. D’ailleurs, il y a malgré tout un peu de chronologie puisque ce tome court jusqu’à son accession au pouvoir en 2007, et qu’un autre tome est sûrement en préparation pour les années du pouvoir…
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Mais les mémoires, ça fait retraité. Les mémoires, ça fait retiré des affaires. Les mémoires ça peut même faire « has been ». Alors, les communicants ont tenté d’expliquer que ce n’était pas des mémoires mais des « Passions ». Même que c’est le titre du livre. Il fallait y penser. Il y a quelque chose de ridicule à ne pas assumer le besoin d’un homme d’Etat à enfin coucher son parcours sur le papier. Nicolas Sarkozy devrait se souvenir que De Gaulle lui-même a écrit ses mémoires de guerre après avoir quitté le pouvoir en 1946, et que ça ne l’a pas empêché de revenir en 1958.
Le deuxième tome, c’est pour quand?
Mais Nicolas Sarkozy n’a que Giscard en tête et ne veut surtout pas qu’on le compare à cet Ex éternel. Et plus il ne veut pas lui ressembler, plus il lui ressemble. Il avait déjà fait l’erreur fatale de reprendre l’UMP en 2014, comme Giscard avait repris l’UDF en 1988. S’il était resté en retrait, et ne s’était pas compromis dans cette primaire humiliante, il aurait pu apparaître comme le recours le jour du Trocadéro, en février 2017. Reprendre LR aujourd’hui, évidemment il ne le fera pas : Sarkozy connaît Marx, la tragédie, et la farce. Alors il s’agite en coulisses. On ne le dit pas étranger à la candidature en mode « poussière sous le tapis » de Christian Jacob à la tête de LR. En voilà un qui ne lui fera pas d’ombre dans les baromètres de popularité. Et qui sait, si Macron décevait…
Le premier problème de Sarkozy, c’est qu’il n’a jamais accepté son départ. Il n’a jamais accepté sa défaite. Il n’a jamais su faire l’inventaire de son bilan à la tête du pays. Peut-être que ce sera enfin l’objet du deuxième (ou second ?) tome de ses mémoires. Peut-être pourrait-il avancer, enfin. Et ne pas continuer à vouloir à tout prix tirer des ficelles.
Publier pareil « brûlot », pas le meilleur moyen de se poser en recours
Le second problème est géographique. S’il était provincial, il ne serait pas plongé au cœur du marigot politico-médiatique. Il ne serait pas à encourager Darmanin à aller à Bercy, puis à pester contre Wauquiez, ou encore à recevoir des pelletées de jeunes parlementaires rue de Miromesnil. Surtout, il verrait moins de journalistes parisiens. Qu’on y voie aucune mauvaise manière, et encore moins de la jalousie envers mes confrères de la capitale ! C’est simplement que leur fréquentation rappelle trop à Nicolas Sarkozy ses combats anciens. Et que sa seule chance d’apparaître comme un recours, en cas de crise grave, nécessite qu’il se place en surplomb. Sans doute le comprend-t-il mais est-il capable d’en tirer toutes les conséquences ?
Son hommage involontaire à Magritte nous inclinerait plutôt à ne pas y croire…
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