Le rapport parlementaire sur l’islamisation des services publics ne devrait étonner personne. Depuis trente ans, les pouvoirs publics et les ministres de l’Intérieur successifs ont mis en place une stratégie délétère vis-à-vis de l’islamisme!
Le rapport parlementaire sur l’islamisation des services publics pose une redoutable question : pourquoi les élites politiques, médiatiques, universitaires et économiques sont-elles restées sourdes à tous les avertissements, livres et rapports qui traitaient de l’islamisation des quartiers et des entreprises ? Pourquoi sont-elles demeurées aveugles à l’intolérance dans les salles de classe, ou dans la rue ? Pourquoi sont-elles demeurées indifférentes à la sécession des banlieues et à la montée de l’antisémitisme dans ces quartiers ?
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Peut-être doit-on formuler l’hypothèse suivante : il n’y a pas eu « aveuglement », mais une stratégie dommageable délibérée. L’islamisme – celui des Frères Musulmans et des salafistes – n’aurait pu s’installer en France avec une telle facilité s’il n’y avait pas eu autant de responsables pour lui tenir la porte.
Gauche et droite: bonnet blanc et blanc bonnet
Tous les gouvernements de gauche et de droite qui se sont succédé depuis trente ans étaient conscients que la révolution chiite iranienne en 1979 et la ré-islamisation en retour des populations arabes sunnites allaient produire leurs effets sur les populations arabes et africaines musulmanes installées en France.
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Tous les gouvernements ont compris très vite que l’échauffement islamique au Moyen-Orient allait être facteur de troubles sur notre territoire. Pour y parer, une double stratégie a donc été bricolée, et elle s’épanouit encore aujourd’hui : le premier axe de cette politique a été de tout faire pour institutionnaliser l’islam de manière à permettre l’émergence d’un interlocuteur musulman unique capable de parler aux pouvoirs publics et de faire passer des messages aux imams. Le second axe a consisté à apaiser la colère dans les banlieues et ailleurs par une politique de cadeaux financiers, culturels et institutionnels destinés à prouver la bonne volonté des pouvoirs publics.
Les Frères musulmans sous les ors de la République ?
Jusqu’au début des années 1980, les ministres de l’Intérieur successifs ont considéré que les musulmans de France relevaient, pour toutes les questions relatives à la religion, des dirigeants de leurs pays d’origine.
Alors que tous les dirigeants arabes étaient déstabilisés par l’islamisme, Pierre Joxe, Charles Pasqua, Jean-Pierre Chevènement, Nicolas Sarkozy et aujourd’hui Emmanuel Macron se sont échinés à monter de toutes pièces un « islam de France » pour régler tous les problèmes. Toutes leurs tentatives (Corif, CFCM, Fondation pour l’islam de France… et bientôt nomination d’un « grand imam de France ») n’ont abouti qu’à une chose : installer l’islamisme le plus liberticide (celui des Frères Musulmans) sous les ors de la République.
Le précédent Chevènement
C’est en 1997 avec Jean-Pierre Chevènement que l’Etat contournera la laïcité en généralisant les baux emphytéotiques pour aider à la construction de mosquées sur des terrains fournis gracieusement par les municipalités. Il s’agissait de lutter contre la salafisation des mosquées des caves, mais cet islam s’épanouit désormais encore mieux en ayant pignon sur rue.
C’est en 2003 que Nicolas Sarkozy crée le Conseil français du culte musulman (qui sera pris d’assaut et contrôlé par l’UOIF, alias les Frères musulmans) comme interlocuteur d’Etat. Sans tirer les leçons des échecs précédents, Bernard Cazeneuve, ministre de l’Intérieur sous Hollande, reconduira les bourdes de ses prédécesseurs avec la création d’un nouvel organisme, la Fondation de l’islam de France, chargée de régler tous les problèmes qui n’avaient pu l’être depuis 1980. Ce ministre de l’Intérieur a refusé de comprendre que la « communauté musulmane » n’existe pas. En raison de la répugnance de ses leaders les plus dynamiques – les islamistes – de prêter allégeance à l’Etat.
Justice défaillante
Les ministres de la Justice et le Conseil d’Etat portent une responsabilité historique dans la dissémination en France des menées islamistes.
Christiane Taubira, garde des Sceaux, au lendemain de l’attentat contre Charlie Hebdo, édictera une circulaire liberticide intimant aux différents parquets de France l’ordre de réprimer toute critique des religions (sous-entendu toute critique de l’islam, pour éviter de stigmatiser les musulmans).
L’authentique djihad judiciaire qui s’est ouvert contre diverses personnalités intellectuelles (Georges Bensoussan, Eric Zemmour, Mohamed Louizi…) est la conséquence de cette politique. Le Conseil d’Etat, de son côté, n’a guère aidé nos politiques à se faire une « religion » sur l’islam en multipliant arrêts et avis en faveur du voile à l’école, du voile dans la rue, de la burqa (heureusement bloqué ensuite par une loi), ou en faveur de l’immigration musulmane ou encore du burqini…
Politiques d’apaisement contre-productives
Ces politiques, dans l’idée d’apaiser, ont sapé les fondements de la laïcité et de la liberté d’expression pour donner des gages aux islamistes.
Devenu président de la République en 2007, Nicolas Sarkozy crée un ministère de l’immigration, de l’intégration, de l’identité nationale et du codéveloppement dont il confie le portefeuille à Brice Hortefeux. Ce dernier s’empressera, l’année de sa nomination, de se rendre au Congo, au Gabon, au Bénin, au Sénégal, en Tunisie, à l’île Maurice, au Cap-Vert ou au Burkina Faso pour signer des accords bilatéraux d’immigration. En 2009, Eric Besson, transfuge du PS, qui succède à Brice Hortefeux, s’empresse de saborder son ministère en déclarant : « La France n’est ni un peuple, ni une langue, ni un territoire, ni une religion, c’est un conglomérat de peuples qui veulent vivre ensemble. Il n’y a pas de Français de souche, il n’y a qu’une France de métissage. »
C’est cette même vision de la France que l’on retrouvera sous François Hollande et Emmanuel Macron. Comment expliquer autrement les déclarations d’Emmanuel Macron sur l’identité française ? « Il n’y a pas de culture française. Il y a une culture en France. Et elle est diverse ».
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