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Huit ans après l’intervention française, rien n’est réglé en Libye

Le point d'Hadrien Desuin sur l'échiquier libyen


Huit ans après l’intervention française, rien n’est réglé en Libye
L'actuel chef du gouvernement de Tripoli Fayez al-Sarraj en mars 2019 © Fethi Belaid / AP / SIPA Numéro de reportage : AP22319746_000018

 


Kadhafi parti, entre chaos et secrets, la Libye est brinquebalée


La situation politique reste confuse en Libye. Deux leaders se disputent la légitimité populaire : le chef du gouvernement de Tripoli Fayez Sarraj et le maréchal Haftar. Tandis que le second s’est lancé dans une offensive militaire, le premier n’est plus en mesure de cacher ses protecteurs religieux et militaires. Lors de la grande prière de l’Aïd-el-fitr, le 4 juin, Sarraj s’est agenouillé en compagnie de Salah Daaïki, vétéran d’Al-Qaïda en Afghanistan et émir du groupe djihadiste Al-Jamaa al-Islamiya al-mouqatila (littéralement, « le Groupe islamique combattant »).

Un accord secret entre Sarraj et le maréchal Haftar?

Soutenu à bout de bras par la communauté internationale, Sarraj aurait négocié en février un accord secret à Abu Dhabi (Émirats arabes unis) avec son rival de Tobrouk proche du régime égyptien, le maréchal Haftar, selon le quotidien italien La Stampa. En vertu de ce gentlemen’s agreement parrainé par la France et les Emirats, Haftar serait devenu ministre de la Défense et commandant des forces armées et Sarraj aurait dirigé l’exécutif. Dans la confidence, Fathi Bashagha, actuel ministre de l’Intérieur, devait en profiter pour devenir Premier ministre. Il lui aurait néanmoins fallu rassurer les Frères musulmans, désireux de neutraliser le maréchal.

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C’était sans compter sur Ahmed Miitig, homme fort de Misrata et « Premier vice-Premier ministre », soutenu par l’internationale frériste du Qatar, de la Turquie et du puissant parti tunisien Ennahda. Quand les troupes de Haftar sont arrivées aux portes de Tripoli, l’accueil a été beaucoup plus violent que prévu.

Kadhafi avait au moins le mérite de faire l’unité

Que Sarraj ait trahi Haftar ou qu’il soit l’otage des milices islamistes, son crédit semble désormais très faible. Quant à Haftar, soutenu par Trump malgré l’opposition du Congrès américain, il a perdu son pari. Ses traditionnels parrains russes ne s’y trompent plus. Selon l’envoyé spécial de Moscou en Libye Lev Dengov, la guerre civile se poursuivra tant qu’aucune personnalité apte à réunir le pays n’émergera : « Si Haftar était celui-là, il serait déjà à Tripoli et la ville se serait soumise à lui sans qu’il ait eu besoin de combattre. »

On comprend mieux pourquoi l’Europe a si longtemps accepté Kadhafi.



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est responsable des questions internationales à la fondation du Pont neuf.

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