Dans leurs romans respectifs, Jennifer Haigh et Jake Hinkson explorent la face noire de l’Amérique bigote. Sur fond d’abus sexuels, Au nom du Bien et Le Grand Silence explorent les non-dits du sacerdoce. Portrait des prêtres en pêcheurs tiraillés par leurs faiblesses.
À l’entrée « Prêtres » de son Dictionnaire des idées reçues, qui répertorie les clichés de la société de son époque, Flaubert écrit : « Couchent avec leurs bonnes, et en ont des enfants qu’ils appellent leurs neveux. » Rien de nouveau sous le soleil de Satan. Les serviteurs de Dieu pèchent comme le commun des mortels. Si les écrivains continuent à s’intéresser à l’inconduite du clergé, ce n’est donc pas par obstination ou par mauvais goût. Depuis Flaubert, nous avons eu le temps de construire un autre stéréotype : en plus de faire des enfants à leurs bonnes, les prêtres agressent sexuellement ceux des autres, quand ils ne s’adonnent pas à l’amour du prochain du même sexe. La presse fait son beurre des scandales de pédophilie dans l’Église catholique – nous le mentionnons sans parti pris, nous fiant uniquement à la quantité, à proprement parler prodigieuse, d’articles consacrés à ce sujet, avec plus ou moins de rigueur, plus ou moins de respect à l’égard de la présomption d’innocence.
Les non-dits du sacerdoce
En 2003, l’équipe d’investigation du Boston Globe, a reçu le prix Pulitzer pour avoir prouvé la culpabilité de plusieurs prêtres de l’archidiocèse de Boston, première ville catholique des États-Unis, accusés d’abus sexuels sur mineurs. Relayée à travers le monde, en particulier par le film Spotlight
