Notre numéro de juin est sorti. Grand entretien avec Marion Maréchal, dossier autour de nos libertés en danger, reportage sur la métropole Aix-Marseille, rencontre avec le cinéaste Marin Karmitz et visite des grandes tables : voilà le programme.
Huit pages. En « une » de notre numéro de juin, Marion Maréchal nous a accordé un entretien-fleuve. Après la débâcle des Républicains aux européennes et la victoire en demi-teinte du RN, Marion Maréchal livre un diagnostic implacable. Recomposition de la droite, immigration, fractures françaises, Union européenne : l’ex-députée frontiste, aujourd’hui directrice de l’Issep, n’élude aucun sujet épineux.
Vers l’union des droites?
En embuscade, notre directrice de la rédaction Elisabeth Lévy s’interroge : Marion Maréchal serait-elle l’imam caché de l’union des droites ? Au lendemain des européennes, « si une partie des bourgeois de Versailles a filé vers le parti du président, plus rassurant pour ses intérêts, tous n’ont pas été touchés par la grâce macroniste. Certes, les prolos de la France périphérique et les classes moyennes appauvries ont préféré s’abstenir ou voter RN. Mais ces électeurs qui combinent des doses variables d’affects populistes, conservateurs et souverainistes, ont assez en partage, à commencer par leur patriotisme affiché et leur volonté d’arrêter les flux migratoires, pour se fédérer dans les urnes. Il ne leur reste qu’à dénicher leur Macron pour affronter Macron. » Un Macron prénommé Marion ? Egalement interrogé dans nos colonnes, le président du groupe LR au Sénat Bruno Retailleau exclut toute perspective d’alliance avec le RN. Partisan d’une « confédération de la droite et du centre », l’ancien villiériste analyse les causes de fond de la débâcle LR aux européennes : faute de réflexion de fond, la droite s’est réfugiée dans l’opportunisme.
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Quelques pages plus loin, Causeur s’inquiète des nouvelles menaces qui pèsent sur nos libertés. A l’ère de la post-vérité, un récit commun unifié par la Raison n’est plus possible. Les réseaux sociaux devaient être les outils d’émancipation de l’individu connecté. Hélas, ce far-west virtuel est livré aux fabricants de bobards et aux minorités lyncheuses.
La vox populi n’obéit à aucune règle, sinon celles que dictent les réseaux sociaux
Les Etats n’arrangent rien en traquant la haine et les « fake news » au nom du Bien. Comme le résume Elisabeth Lévy, « emballés par la modernité d’un outil qui promettait à n’importe qui son quart d’heure de célébrité, les médias traditionnels, puis une grande partie de la société ont décidé qu’il s’agissait d’un lieu d’expression légitime de la vox populi, alors même que l’expression n’y obéit à aucune règle, sinon celles que dicte la technique. Ainsi a-t-on permis aux réseaux sociaux, ou plutôt aux meutes qui y sévissent, de s’ériger en tribunaux populaires. Il suffit en effet d’un « bad buzz » pour être licencié et même, dans les cas les plus graves, pour être marqué à vie » tels les mistons de la Ligue du Lol. Cette démocratisation des dérives liberticides n’exclut pas un raidissement du pouvoir. Pour Frédéric Rouvillois, en même temps que le président de la République pose en chantre des libertés, il se fait l’acteur de leur amoindrissement. De l’offense au chef de l’Etat ressuscitée à la loi anti-casseurs – qui est une loi anti-gilets jaunes –, l’illibéral Emmanuel Macron piétine nos principes fondamentaux.
La démocratie et le Léviathan technologique
Reste un mouvement de fond : comme l’avait pressenti Tocqueville, la démocratie s’est retournée contre elle-même. Nous ne savons plus que faire de nos libertés désormais soumises à un Léviathan technologique. Pour le sociologue Gérald Bronner, interrogé par Elisabeth Lévy, le déclin de la culture scientifique favorise l’essor des radicalités, notamment islamistes et antispécistes. Il y a de quoi se faire du mauvais sang, d’autant que « le sentiment d’appartenance à une minorité favorise les théories du complot » d’après Sébastian Dieguez, auteur d’un ouvrage passionnant sur la post-vérité. Si la distinction entre le vrai et le faux n’a plus cours dans le débat public, c’est parce que l’extrême gauche postmoderniste comme l’électorat populaire de Trump ont tendance à favoriser la sincérité aux dépens de la vérité.
Dans un autre registre, l’enquête d’Erwan Seznec montre que l’Etat répond souvent aux demandes des associations par une nouvelle loi punitive, érodant nos libertés publiques. Comment être contre la biodiversité, la sécurité routière ou l’enfance heureuse ? Le lobby des nobles causes a toujours raison !
En guise de reportage au long cours, je vous propose un voyage entre Aix-en-Provence et Marseille. Il y a trois ans, l’Etat a imposé la création de la métropole Aix-Marseille-Provence pour favoriser le développement économique d’un territoire grevé par les difficultés de sa ville-centre et son manque de transports. Mais la prospère Aix rechigne encore à convoler avec la nécessiteuse Marseille. Une sacrée guerre des nerfs.
A table !
Pour finir, soyons brefs. Elisabeth Lévy et Patrick Mandon ont rencontré Marin Karmitz. Immigré juif roumain, ce grand producteur est un exemple d’intégration réussie. Avant de créer le groupe MK2, ce passionné a fait mai 68, milité chez les maos puis découvert l’étude hébraïque sans cesser de défendre une certaine idée du cinéma.
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Enfin, Emmanuel Tresmontant pose une question essentielle : la grande cuisine française a-t-elle progressé ou régressé en quarante ans ? Certes, des savoir-faire entiers ont disparu des restaurants étoilés. Mais les chefs ont gagné en virtuosité ce qu’ils perdaient en technicité. C’est en tout cas le diagnostic que dresse Pierre Gagnaire, 69 ans, contempteur de la cuisine planplan de papa et pionnier de l’empilement des saveurs. A table, un exemplaire Causeur entre les mains !
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