Accueil Édition Abonné Voilà ce qui arrive quand on jette un mégot dans la ville d’Anne Hidalgo

Voilà ce qui arrive quand on jette un mégot dans la ville d’Anne Hidalgo

Et pourtant mon mégot était bio...


Voilà ce qui arrive quand on jette un mégot dans la ville d’Anne Hidalgo
Anna Hidalgo accueille cent nouveaux agents de la brigades anti-incivilités de la Ville de Paris dans la cour de la caserne Napoléon (4e arrondissement), 6 octobre 2016. Photo : Tristan Reynaud/SIPA

Malheur au Parisien qui laisse échapper quelques débris de feuilles de cigarillo dispersés par le vent. Des brigades municipales verbalisent quiconque n’utilise pas les belles poubelles neuves qu’Anne Hidalgo a équipées de cendrier. Même les arbres ?


Commençons par une séquence nostalgie : je crois que, comme moi, votre prédécesseur, Bertrand Delanoë, fumait des cigarillos. La caractéristique du cigarillo, c’est d’être une feuille de tabac roulée. Si j’en crois mon producteur de cigarillo, il est composé à 100 % de feuille de tabac, et ne comporte ni filtre ni papier. C’est une feuille séchée, quoi. Un soir, rue Dante, pendant la pause de l’atelier littéraire que j’animais, je discutais avec les participants en fumant un cigarillo sur le trottoir. Or, quand mon cigarillo arrive à sa fin, j’ai l’habitude, comme me semble-t-il votre prédécesseur Bertrand Delanoë – soupir –, de le laisser s’éteindre entre mes doigts, puis de l’effeuiller entre le pouce et l’index afin d’en disperser, de préférence sous le vent, le résidu de la feuille, qui vient poétiquement se mêler aux autres feuilles tombées des arbres environnants. C’est une scène un peu japonaise.

Le triangle des Bermudes (en plein Paris)

Donc, je fis cela et m’apprêtait à rejoindre mon atelier, situé à cinq mètres, lorsque trois cyborgs en combinaison de combat m’entourèrent. La formation de ces gens-là au combat de rue avec des quinquagénaires pacifiques isolés doit être assez poussée, car ils se placèrent très professionnellement en triangle. Un devant moi, les deux autres sur les côtés. Celui qui me faisait face, outre sa tenue de guerre avec gilet pare-balles, rangers, treillis renforcé aux genoux, cubitières cousues dans les manches – enfin une tenue sérieuse pour un fantassin dédié au combat des cent derniers mètres –  avait aussi des lunettes jaunes, un peu comme celles des gens qui passent sous la lampe à bronzer. Les cyclistes du Tour de France ont parfois cet aspect-là, aussi.

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Bref, il devait être le chef puisqu’il m’a parlé en premier. Son expression n’était pas très claire, d’ailleurs ; à mon avis sa formation militaire pratique avait dû être plus poussée que celle qu’il avait reçue sur le dialogue avec les piétons, mais j’ai quand même compris que je contrevenais, avec un lâcher de déchets sur la voie publique. Ce garçon n’avait rien d’agressif derrière ses lunettes jaunes, il était tout à fait ouvert à l’idée que je contrevienne pacifiquement et qu’il le constate calmement. Au moment où le dialogue s’engageait, nous étions dans une situation


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Mai 2019 - Causeur #68

Article extrait du Magazine Causeur




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écrivain et critique littéraire français, il enseigne à Sciences-Po et collabore à la Revue des deux Mondes

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