Du Rwanda à la guerre de Libye, les Occidentaux sont sommés d’endosser tous les crimes du monde. Même ceux qu’ils n’ont pas commis. Les obsédés du ressentiment postcolonial confondent copieusement coupables et complices présumés.
Tandis que le procès des époux Fillon s’ouvre, on se souvient des conditions dans lesquelles le candidat de la droite a été éliminé dès le premier tour de l’élection. On n’a pas oublié les intrigues du pouvoir en place, les manipulations d’une presse hostile et partisane, l’immixtion d’une justice spéciale et spécialement rapide là où elle n’avait rien à faire, en vertu de la séparation des pouvoirs, et on attribue l’échec d’une droite pressentie pour gagner la présidentielle aux manœuvres de ses adversaires. L’analyse tient la route et les faits ne manquent pas pour venir l’étayer, mais on oublie trop souvent de mentionner dans l’histoire le vrai responsable, le seul arbitre, le décideur en dernière instance, le juge suprême dans une élection au suffrage universel : l’électeur.
Je l’ai parfois regretté, je m’en suis réjoui souvent, mais Hollande n’était pas Poutine. Si son principal opposant avait été diffamé, injustement accusé, arbitrairement jeté en prison et empêché de présenter sa candidature, nous pourrions légitimement affirmer que l’élection nous a été volée, comme le répète Michel Onfray sans prendre plus de précautions de langage. Il est parfois nécessaire de rappeler certaines lapalissades : si Fillon n’a pas été élu, c’est d’abord et surtout parce qu’une majorité de Français, en pleine possession de leur libre arbitre, n’ont pas voté pour lui. Pour expliquer cette désaffection, on peut additionner les hypothèses : un programme trop drastiquement libéral au pays de l’État-providence, la crainte d’un conservatisme à la limite d’un ordre moral assez éloigné
